Âge de l’Art Rupestre Nord-Africain

24122019

 

 

 

 

 

On a longtemps attribué l’art rupestre nord-africain à des périodes récentes. Il aurait trouvé son épanouissement au Néolithique, son origine dans le Capsien. Diverses découvertes s’opposent à cette théorie.

 

 

 

Dès 1965, F. Mori s’appuyait sur les superpositions des gravures de Ti n Ascigh en Libye où une paroi porte trois girafes de patine différente, superposées l’une à l’autre et recouvrant une gravure de bubale, Pelorovis antiquus, de grandes dimensions, pour les rapporter au Pléistocène, soit antérieurement à – 10 000, l’étalement dans le temps que suppose la formation de ces différentes patines n’étant pas compatible avec la chronologie courte parfois prônée.

 

 

 

Un autre argument réside dans l’aspect de certains traits. En les examinant au microscope électronique, M. Cremaschi y a noté des traces d’une intense éolisation précédant la formation de la patine. La dernière phase climatique à même de marquer ainsi la roche se place en fin de glaciation würmienne, vers les XIIIe – Xe millénaires, les phases arides suivantes, dont celle qui sévit au cours du VIe millénaire n’ayant pas érodé aussi intensément la roche. Un tracé qui lui serait immédiatement antérieur est donc peu probable. Par ailleurs, les conditions d’une formation généralisée de la patine supposent une température et une humidité qui n’ont pas existé, sauf localement, depuis le VIe millénaire.

 

 

 

Ces deux arguments qui se confortent pour rapporter ces gravures au Pléistocène trouvent confirmation dans l’Atlas saharien où, dans une cluse entre Laghouat et Brézina, le géographe P. Estorges a signalé une gravure naturaliste oblitérée par un dépôt sableux mis en place en fin de période aride au XIIIe – Xe millénaires.

 

 

 

 

Les gravures de Tin Ghergho dans le Tassili n Ahaggar renforcent elles aussi cette position. Des représentations de faune sauvage ont une patine grise identique à celle de la roche. Elles sont tracées sur des parois partiellement dépouillées d’une pellicule de patine noire, brillante qui les habille sur quelques millimètres d’épaisseur et intègre elle aussi une gravure. Il y a donc là deux ensembles gravés. Le plus ancien, qui fait corps avec la pellicule de patine, est en voie de disparition depuis longtemps puisque c’est sur la roche écaillée que le deuxième ensemble a été dessiné.

 

 

 

 

 

 

Âge de l’Art Rupestre Nord-Africain dans Archéologie img-9-small700

Dans l’oued Tidunadj, des gravures de bovins au trait altéré et repris diverses fois sont partiellement recouvertes par une terrasse de l’oued. Ces particularités permettent de rapporter Les gravures initiales au Pléistocène.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans la Tadrart, en rive gauche de l’oued Tidunadj, une paroi gréseuse porte quatre bovins gravés qui sont partiellement recouverts par une terrasse de l’oued. Les figures sont de grande taille, mesurant de 140 à 195 cm de long, naturalistes, conventionnellement munies d’une unique et imposante corne courbée vers l’avant. Le contour original a dû être profondément gravé mais a été émoussé au point de n’être par endroits plus du tout perceptible. Les gravures ont été “rajeunies” par un burinage qui n’a affecté que certaines parties du trait, probablement celles qui étaient peu lisibles, le dessin devenant en effet maladroit là où ne subsiste aucun reste du trait original. Ces deux techniques présentent la même patine totale, gris foncé, pour les parties à l’air. Une seconde génération de reprises a été réalisée postérieurement, elle est de patine chamois, faite d’un piquetage moins serré et moins régulier. Le recouvrement partiel par une terrasse qui ne peut être postérieure au VIe millénaire et l’évolution des traits impliquent une réalisation des originaux avant – 10 000.

 

 

 

Ces données rejoindraient-elles les manifestations rupestres les plus anciennes que l’on connaît ailleurs dans le monde et qui sont actuellement datées entre – 30 000 et – 15 000?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source: L’ Algérie Des Premiers Hommes. De Ginette Aumassip

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




Le Temple Indien à travers l’Histoire

14112019

 

 

 

 

 

On sait peu de choses sur les cultures dont sont issues les cités préhistoriques indiennes comme Harappa et Mohenjo-Daro, et qui se développées sur les rives de l’Indus à partir du IIIe millénaire avant J.-C. Elles forment un quadrillage orienté vers les quatre points cardinaux et le raffinement de leurs infrastructures – des citadelles élevées sur des terrasses étagées, des égouts, l’eau courante pour un usage domestique et de grands bains pour les purifications rituelles – rivalisent avec les cités sumériennes de la même époque malgré l’absence étrange de tombeaux royaux et d’édifices religieux.

 

 

 

 

 

 

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Ruines Archéologiques de Mohenjo-Daro – Sindh / Pakistan

 

 

 

 

 

 

De façon générale, les traditions architecturales du sous-continent indien – et bien évidemment les monuments préservés sur ce site – sont avant tout de caractère religieux, et se concentrent autour de grands complexes de temples. Le style architectural varie selon les régimes régnants qui se sont succédé et qui imposaient le système religieux de leur choix.

 

On compte quatre époques historiques distinctes. La culture indienne la plus ancienne, préfigurant l’hindouisme moderne, et parfois désignée comme indo-aryenne, s’étend de 1500 avant J.-C. à l’an 1200 de notre ère. Au IIIe siècle avant J.-C. le grand souverain Ashoka fit venir des artisans talentueux de Perse pour initier une tradition hautement évoluée de sculpture de pierre. Cette ère fut également celle où apparurent les premiers monuments bouddhistes, une religion datant du VIe siècle. On trouve dans le sud de l’Inde, d’imposants stûpas bouddhistes (tertres à portail et coupole, servant de lieux de pèlerinage), des chaityas (temples) et des viharas (monastères). Comme à Ajanta, ces monuments sont souvent érigés dans des grottes naturelles, ou taillés à même le flanc de collines.

 

 

 

 

 

 

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© indiaraju

 

Stupâ Sanchi

 

 

 

 

 

 

 

Le Kailâsanâtha d’Ellora dédié à l’hindouisme, au bouddhisme et au jaïnisme fait partie de cette architecture complexe taillée dans la roche. Creusé dans une falaise de basalte qui s’étend sur deux kilomètres, sa construction fut amorcée par une excavation verticale: les sculpteurs avaient creusé à même la roche, retirant quelques 200 000 tonnes de matière, pour façonner une structure monolithique complexe composée de hauts monuments et d’édifices de plusieurs étages, et comportant des sculptures murales richement ornementées. À partir du VIIe siècle, la culture des brahmanes édifia des temples autonomes monumentaux, dont un bon nombre a été préservé jusqu’à nos jours.

 

 

 

 

 

 

 

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Bien que variant suivant les religions, les temples hindous prennent généralement la forme d’enceintes fortifiées renfermant un haut vimana (sanctuaire), un couloir de colonnes ainsi que des bâtiments de moindre importance. On remarque surtout la profusion de riches décorations, quelque peu surchargées et des sculptures figuratives parfois à caractère érotique. (Ces thèmes ont essentiellement à voir avec la croyance tantrique que l’activité sexuelle représente une union extatique de l’humain avec le monde divin). Le temple de Kandariya Mahadeva dans la cité royale de Khajuraho, notamment, était luxueusement aménagé et ornementé. Monté sur un haut piédestal, il est composé d’une agglomération en forme de montagne d’une multitude de tours agencées par ordre de hauteur. Ses parties supérieures sont incrustées de sculptures en bas-relief d’une grande densité.

 

 

 

 

 

 

 

L’autre grande période de l’histoire de l’architecture indienne, qui dura du XIIe au XVIIe siècle, fut précipitée par l’arrivée des musulmans venus de l’Afghanistan qui établirent leur capitale à Delhi. Bien que tourmentée par des troubles politiques, cette ère fut celle d’un extraordinaire essor de la construction monumentales, particulièrement avec l’avènement de l’empire Moghol dès le XVIe siècle. Les musulmans introduisirent en Inde plusieurs types de bâtiments rapportés du Moyen-Orient, notamment des mosquées avec leurs vastes salles de prière et leurs minarets. Le style des mosquées indiennes est le résultat d’une grande influence des constructions perses et sont remarquables en ce qu’elles ont su surpasser leurs modèles dans le raffinement de leur maçonnerie et leurs décorations en sculptures de pierre.

 

 

 

La plus célèbre représentation de cette évolution est le complexe funéraire du Taj Mahal à Âgrâ (vers 1630-1653) – qui reste, techniquement parlant, n’est pas une mosquée. Les musulmans avaient entre-temps lancé une campagne de longue durée et de large étendue pour convertir ou détruire tous les temples hindous, ce qui eut pour conséquence de dépeupler une grande partie de l’Inde du Nord de ses structures monumentales, à l’exception des régions les plus éloignées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La troisième et quatrième grande ère de l’architecture indienne, débuta avec la colonisation de l’empire britannique qui fut marquée par l’importation massive de styles et topologies occidentaux dans le sous-continent.

 

Plus à l’Est encore, l’hindouisme et le bouddhisme marquèrent une avancée à travers le sud de l’Asie, atteignant la Birmanie, l’Indonésie et l’Indochine, et y laissèrent des complexes de temples extraordinaires par leurs formes et leurs dimensions inédites. Le grand sanctuaire de Borobudur, bâti au IXe siècle, en Indonésie et qui s’impose comme le plus grand temple bouddhiste au monde, en est un exemple. Ses plans immenses et symétriques sont orientés vers les quatre points cardinaux, et sa forme est celle d’une série de terrasses superposées, figure symbolique des stages successifs de l’illumination du pèlerin bouddhiste. Le temple d’Angkor Wat, au Cambodge, datant du XIIe siècle, est également remarquable. Il est lui aussi composé de ce qui semble être une myriade de plates-formes, galeries, voûtes et tours, et est représentatif des grandes réalisations de la civilisation khmère.

 

 

 

 

 

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Vue du site de Borobudur

 

 

 

 

Les stūpas de Borobudur restèrent à l’abandon pendant des siècles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




Les villes du patrimoine mondial : capitales du temps

9102019

 

 

 

 

 

Les villes du patrimoine mondial : capitales du temps dans Archéologie logo_patrimoine_unesco

 

 

 

 

 

 

Soixante-dix villes historiques en évolution apparaissent sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Chacune fait ici l’objet d’une courte étude qui la situe dans le temps et l’espace, en identifie les principaux repères tout comme l’originalité historiques et en décrit les traits morphologiques urbains essentiels. Les critères justifiant l’inscription de ces villes, selon les recommandations du Comité international des monuments et des sites auprès du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO, accompagnent les études.

 

 

Édition complète: Ici  

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 




Inscription de l’Arc de Triomphe de Cirta

15072019

 

 

 

 

 

 

Inscription de l’Arc de Triomphe de Cirta dans Archéologie 1561367164-inscription-arc

 

 

 

 

 

 

 

 

On est en présence de la dédicace d’un monument célèbre, l’arc de triomphe de Cirta, dédicace qui fait ressortir l’ensemble des dons tout au long de son cursus honorum.

 

 

 

 

Cirta (actuelle Constantine) est une colonie romaine depuis 44 avant J.-C., année de la mort de César. Milev, Rusicade (Skikda) et Chullo (Collo) sont trois colonies voisines, mais il existe une administration unique pour les quatre cités. Ces dernières forment la « Confédération de Cirta« , du moins jusqu’à l’époque Gallien où elle sera supprimée. Même si elles sont théoriquement placées sur un pied d’égalité, Cirta exerce une prépondérance de fait.

 

 

 

 

 

Quant a « notre seigneur Antonin Auguste« , il s’agit de l’empereur de l’époque, Marcus Aurelius Antoninus ou Caracalla (212-217), ce qui nous fournit la date approximative de l’inscription.

 

 

 

 

 

 

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Marcus Caecilius Natalis: une Carrière Exemplaire

 

 

 

 

On est dans une colonie romaine: tous les citoyens de la colonie sont citoyens romains, à la différence d’une cité de droit latin. Tout citoyen de naissance libre peut avoir accès aux magistratures, à condition toutefois de satisfaire aux critères d’âge et de fortune correspondant à la charge requises.

 

 

 

 

« Marcus« : prénom; « Caecilius« : nom gentilice; « Natalis« : surnom; on est en présence de tria nomina (les trois noms désignant le citoyen romain), à qui s’ajoutent l’indication de la filiation (« fils de Quintus« ; c’est un fils de citoyen romain) et la mention de la tribu (tribu Quirina): toutes les marues de la citoyenneté sont donc présentes, d’autant plus qu’il s’agit d’un magistrat. Il a été « édile, triumvir, questeur, quinquennal, préfet des colonnies« …. Dans les cités existent comme à Rome le cursus honorum (la carrière des honneurs), mais dans le cas présent, l’ordre hiérarchique des fonctions est très différent de celui qui existe à Rome et dans beaucoup d’autres cités. L’édilité (police et ravitaillement des cités) est mentionnée en premier lieu alors qu’à Rome et dans bien d’autres cités, la carrière des honneurs commence par la questure (gestion des finances de la cité), l’édilité venant en second lieu. L’explication provient peut-être du fait qu’à Cirta, les édiles disposaient de pouvoirs judiciaires importants. Il existe en principe deux édiles par colonie ou municipe sous l’Empire.

 

 

 

 

Dans les cités, le duumvirat (ou duovirat) représente la magistrature supérieure. Les duumvirs sont élus pour un an et disposent de pouvoirs importants (en matière de finances, police, justice….ainsi que la présidence de la curie des décurions, sorte de conseil municipal avant la lettre). Ici le duumvirat laisse la place à un triumvirat (donc une association de trois magistrats). Le triumvirat et le quatuorvirat se rencontrent pourtant plus fréquemment dans les municipes que dans les colonies. La quinquennalité est liée au recensement: il existe quatre magistrats (quinquennales, singulier quinquennalis) par cité ou municipe chargés d’effectuer le recensement et disposant de la potestas censoria (pouvoir du censeur). Ils exercent un rôle en matière budgétaire (affection des dépenses et des recettes de la colonie) et tiennent à jour l’album de la curie.

 

 

 

 

On sait d’après une autre inscription que Marcus Caecilius a été triumvir en 210. Il a élevé cet art de triomphe à l’occasion de sa quinquennalité, sans doute vers 216-217.

 

 

 

 

« Outre les 60.000 HS qu’il a versés à la commune pour les honneurs de l’édilité, du triumvirat et de la quinquennalité« : il a versé 20.000 sesterces à chaque fois qu’il a occupé une des magistratures désignées (édilité, triumvirat, quinquennalité): il s’agit d’une somme fixée par la cité pour exercer telle ou telle magistrature, dite somme honoraire. En revanche, la questure, ainsi que la préfecture des colonies, ne sont pas classées dans les « honneurs« : elles sont considérées à Cirta comme de simple fonctions et non comme des magistratures honorifiques, ce qui explique qu’elles ne nécessitent pas de s’acquittet de « sommes honoriaires« . Il est possible que la gestion des finances ait été largement prise en charge par les triumvirs, les questeurs agissant comme de simples exécutants. Quant à la préfecture des colonies, elle s’explique par la dépendance de fait de Milev, Rusicade et Chullu par rapport à Cirta; les trois premières n’ayant pas de magistrats sont administrées par un préfet, ce qui correspond ainsi à une charge tout à fait particulière. Elles n’étaient pas satisfaites de ce sort et demandaient à être reconnues comme des colonies à part entière, ce qu’elles n’obtiendront, on l’a vu, qu’environ un demi-siècle après la date approximative de l’inscription.

 

 

 

 

 

 

 

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Les Evergésies Ob Honorem

 

 

 

 

 

On appelle évergétisme une pratique par laquelle certains citoyens puissants et fortunés prennent à leur charge une partie des dépenses de leur cité: construction de monuments, faveurs au peule, distribution de blés, organisation de spectacles…. Les actes d’évergétisme peuvent être effectués en accomplissement de promesse faites lors de candidatures à telle ou telle élection correspondant à une charge dans la cité. Il s’agit d’actes d’évergétisme ob honorem, c’est-à-dire liés à la carrière des honneurs (magistratures et prêtrises). Ils correspondent dans ce cas à des pratiques légales et obligatoires: l’élu qui ne tient pas sa promesse est possible de poursuites. Il existe toutefois certains actes d’évergétisme correspondant à des libéralités, échappant aux honneurs, et donc sans caractère obligatoire. Dans l’un et l’autre cas, ces actes sont accomplis essentiellement en l’honneur de l’empereur, d’où les références à « notre Seigneur«  (« l’Indulgence de notre Seigneur« ; « la Vertu de Notre Seigneur Antonin Auguste« ). Les dons mentionnés sont les suivants:

 

- deux statues de bronze (pour l’édilité et le triumvirat) et la chappelle tétrastyle (à quatre colonnes) protégeant la deuxième statue de bronze;

 

- l’arc de triomphe, à l’occasion de la quinquennalité, « élevé à ses frais dans la même année«  qu’il en avait fait la promesse: il s’agit d’un don plus important qui témoigne de la progression des fonctions.

Le magistrat insiste sur son empressement à tenir ses promesse tout comme il avait tenu à rappeler son exactitude quant à l’acquittement des sommes honoraires.

 

 

 

 

 

A ces dons s’ajoutent les libéralités qui ont eu lieu dans les quatre citées: elles sont composées de spectacles essentiellement théâtraux (« jeux scéniques« ) et de « lancer de cadeaux à l’assistance«  (il y a parfois distribution d’argent). De telles libéralités autorisent la réunion de toute la cité autour de ces actes d’évergétisme. Elles montrent aussi que les trois cités dépendantes de fait par rapport à Cirta ne sont pas oubliées bien qu’elles ne disposent pas de magistrats.

 

 

 

 

 

Nous sommes tout cas en présence d’un magistrat qui dispose d’une fortune tout à fait considérable, d’autant plus que les sommes honoraires évoquées semblent particulièrement élevées pour une cité romaine. Il était rare que les magistrats des cités accomplissent autant d’actes d’évergétisme ob honorem.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




Palenque: Un Joyau du Chiapas

9062019

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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La cité baptisée Palenque est bâtie sur les contreforts de la chaîne montagneuse du Chiapas, dominant la plaine de l’Usumacinta et du Tabasco qui court sans limite jusqu’au Golfe du Mexique.

 

Découverte en 1746 non loin de Santo Domingo de Palenque, par le père missionnaire De Solis, elle est considérée aujourd’hui comme l’une des plus belles cités précolombiennes qui ait jamais existé.

 

 

Elle est certes moins imposante que d’anciennes cités géantes comme Tikal et El Mirador au Guatemala, ou encore l’énigmatique Calakmul, encore enfouie dans la jungle séparant le Petén du Yucatán.

 

 

Elle mérite cependant son qualificatif “d’Athènes de Nouveau Monde ”, tant l’harmonie de son architecture, ses entablements, ses bas-reliefs et ses œuvres en ronde-bosse atteignent des sommets inégales dans l’art pré-hispanique.

 

 

Au même titre que d’autres cités voisines comme Yaxchilan ou Piedras Negras (au Guatemala), ou encore la baroque Copan au Honduras.

 

Les créations des artistes de Palenque, qui excellaient dans le travail du stuc, sont même entrées dans le panthéon du patrimoine artistique de l’humanité.

 

Ce qui distingue peut-être cette cité de ses rivales est le nombre considérable de ses hiéroglyphes, cartouches gravés sur la pierre et en voie de déchiffrement.

 

 

Cette véritable écriture, dont Palenque est une somptueuse vitrine, est sans doute la plus aboutie du Nouveau Monde.

 

Elle s’avère aujourd’hui aussi complexe et élaborée que la prestigieuse écriture égyptienne déchiffrée par Champollion.

 

La multiplicité de ses représentations et la variété de ses métaphores révélaient toute la richesse de l’imaginaire des anciens Mayas:

 

Maïs et nénuphar pour la fécondité, ossements ou coquillage pour l’offrande, couteau, hache ou gouttes de sang pour le sacrifice, jeune homme, vieillard, jaguar -la nuit- et oiseau -à l’aube- pour le soleil.

 

 

L’omniprésence des divinités dans leur regard: ainsi le jour 8 Soleil pouvait être représenté de trois manières différentes:

 

- par un 8 (une barre et 3 points) et une fleur à quatre pétales symbole du jour Soleil

 

- par une tête de profil du dieu Maïs divinité associée au nombre 8 et une tête de la divinité solaire pour le Soleil

 

- par les corps de ces deux divinités

 

 

 

 

 

 

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Bas Relief de l’Offrande entouré de hiéroglyphes mayas, Palenque Templo XIV

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mais la caractéristique la plus marquante de cette écriture restera peut-être sa vision divine de la marche du temps:

 

Leurs hiéroglyphes représentaient souvent un personnage transportant un signe calendaire sur le dos.

 

Cela signifiait qu’une divinité prenait en charge et influençait une certaine période de temps.

 

Outre les trois calendriers usuels, ils poussaient le calcul du temps à son paroxysme avec le Compte Long, l’unique calendrier linéaire des précolombiens (d’origine probablement olmèque):

 

Additionnant des périodes de temps généralement multiples de 20, il servait notamment à dater les stèles commémoratives érigées tous les 20 ans sur de nombreux sites mayas.

 

Mais certaines dates étaient vertigineuses, remontant le temps sur 90 ou 400 millions d’années: elles dataient peut-être les mythes de création ou de destruction des mondes précédents.

 

De nombreuses correspondances temporelles entre calendriers et dynasties étaient immortalisées dans les codex ou sur les stèles en pierre.

 

Elles trahissaient la relation étroite qui s’instaurait entre la vie des hommes et la marche du cosmos:

 

Les dirigeants voulaient inscrire leur pouvoir dans le cycle des combats divins, associant la bonne tenues de l’univers à leurs actions….

 

Une tentative illusoire du genre humain de communier avec le cosmos indifférent, ou le signe d’une culture intégrée à son environnement naturel jusqu’à son paroxysme?

 

 

Les glyphes désignaient aussi des ornements, des fonctions sociales, des animaux, des plantes, des danses variées:

Danses du Serpent céleste à Yaxchilan ou du Quetzal à Bonampak; danses du Maïs précieux, du Nain rouge, du Bâton d”étoffe, de l’oiseau “Momot”, du Jaguar…

 

En dehors du contenu mythique des céramiques funéraires cachées au profane, on trouvait enfin quelques références à des pratiques chamaniques:

 

L’image d’un serpent redressé pour symboliser les visions hallucinatoires, ou la représentation de l’Esprit-Gardien animal cher à tout Indien, à côté du glyphe du Serpent-Vision.

 

L’écriture fut plus utilisée dans les codex comme aide-mémoire aux protiques divinatoires des prêtres devins du Soleil:

 

Cela causa la perte dramatique de nombre d’entre eux, brûlés par des missionnaires espagnols zélés qui les jugèrent démoniaques et remplis de superstitions..

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au cœur de la jungle mexicaine, se trouve la cité perdue de Palenque, construite par la civilisation maya il y a 1500 ans. Elle a été mystérieusement abandonnée par ses habitants au IXe siècle de l’ère chrétienne. Sa redécouverte, mille ans plus tard, au XIXe siècle, a permis aux historiens et aux archéologues d’approfondir leurs connaissances sur la civilisation maya, et en particulier sa maîtrise de la géométrie, de l’astronomie ou encore de l’hydraulique. Les édifices très élaborés, notamment certains temples, ont aussi apporté de nombreux renseignements sur les techniques de construction particulières employées par les Mayas.

 

 

 

 

 

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La grande mosquée d’Alger

30042019

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La grande mosquée d'Alger dans Archéologie s-l1600

Alger. Grande mosquée de la rue de la Marine – photochromie 1897 -

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On lit sur le minbar de la Grande Mosquée d’Alger « Au nom d’Allah, le Clément, le Miséricordieux. Ce minbar a été achevé le 1er du mois de Redjeb de l’an 409. Il est l’ouvrage de Mohammed ». 409 correspond à l’année 1018 de notre ère . Une seconde inscription, à l’intérieur du bâtiment, nous apprend qu’en 1323, un roi de Tlemcen fit construire le minaret, auquel le document épigraphique prête cet hymne de reconnaissance : « La lune du firmament s’est présentée à moi dans tout son éclat et m’a dit : sur toi mon salut, ô toi la seconde lune ! Aucune vue, en effet, ne captive les cœurs comme la mienne. Allons, venez donc contempler ma beauté et l’aspect réjouissant de mes couronnes. Puisse mon Dieu accroître l’élévation de celui qui m’a achevé comme ce dernier l’a fait à mon égard et comme il a exhaussé mes parois. Que l’assistance de Dieu ne cesse d’être autour de son étendard, le suivant comme un compagnon et lui servant de seconde armée » (version Devoulx).

 

 

 

 

 

 

 

 

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Intérieur de la grande mosquée El Kebir – 1880 -

 

 

 

 

 

 

 

 

Une tradition reporte à Ibn Tachfin (1061-1106) la fondation de cet établissement. Rien ne permet, en l’absence de texte, de se prononcer définitivement. Mais il est vraisemblable qu’Ibn Tachfin, almoravide dévot, à, la fois mystique et guerrier, ambitieux d’ouvrir dans chaque rue un oratoire, ait voulu doter la ville d’une Mosquée.

 

 

 

 

Nous ne pouvons guère aujourd’hui en reconstituer l’économie primitive. De nombreuses modifications y ont été successivement apportées, ne serait-ce que, sans remonter très loin, la galerie d’arcades, soutenue par des piliers de l’ancienne mosquée El-Sida, et qui a été construite par l’administration française (coloniale) en 1837.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Cour de la Mosquée Djama El Kebir vers 1870 - 1875 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’édifice suit dans son axe l’orientation Nord-Ouest Sud-Est. Il emplit un quadrilatère d’environ 2,000 m², 48 mètres environ à la façade Nord-Ouest, 40 au Nord-Est et au Sud-Ouest. En 1866, avant les transformations, de voirie du quartier, Devoulx signalait contre le mur sud-ouest une annexe, El Djenina, et du côté nord-est, le Msolla, oratoire des dernières prières prononcées aux enterrements. Il mentionnait, en outre, 5 portes au nord-ouest, 2 au nord-est et au sud-ouest. A la porte des Bocaux, le passant altéré pouvait se rafraîchir, avec l’eau contenue dans de grandes jarres et renouvelée chaque jour.

 

L’intérieur comporte 72 piliers en maçonnerie, rectangulaires ou cruciformes, distants de 3m.40 et formant onze nefs parallèles orientées du nord-ouest au sud-est. La nef médiane a une largeur de 5 mètres. Elle aboutit, au milieu du mur oriental, au mihrab, niche à fond plat à pans coupés,

Des analogies saisissantes rapprochent la grande Mosquée d’Alger de la grande Mosquée de Tlemcen l’allure des nefs allant de la cour au mur oriental centré du mihrab ; le nombre impair de ces nefs dont la médiane est, dans les deux mosquées, plus large que les autres; — la forme des arcs, tantôt en fer à cheval déformé, tantôt bordés de lobes incurvés; — la forme rectangulaire ou cruciforme des piliers, etc…

Le minbar (chaire à prêcher) de la grande Mosquée d’Alger a une haute valeur documentaire. Il va nous permettre de surprendre les premières influences andalouses. 

 

 

 

 

 

Il a fait dans Hespéris (1921, 4e trimestre) l’objet d’une monographie très fouillée et très suggestive de M. Marçais .

D’abord, en avant des 8 marches, le grand arc, en fer à cheval brisé. Or, cette forme n’est pas spécifiquement orientale; elle est devenue comme la signature de l’architecture maghrébine et andalouse. – L’inscription ensuite.

 

 

 

 

 

 

 

 

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La décoration musulmane a admirablement utilisé l’écriture, sous deux formes, le koufique et le cursif, dont il faut ici dire un mot. Le koufique, épigraphie géométrique, d’abord anguleux, rigide, isolé du reste du décor, s’est peu à peu dégagé de sa gangue primitive assez fruste. Il a évolué de manière à s’arrondir, à s’assouplir, à se lier aux buissons voisins de l’arabesque. Le cursif, généralement privé d’angles, arrondi, délié, d’un mouvement rapide et échevelé, est allé en s’enroulant en de gracieux écheveaux, en s’affinant, en jetant de longues tiges flexibles et flottantes. – Or, l’inscription du minbar n’a pas le type fleuri du Koufique oriental du XIème siècle. Elle évoque le genre qui sera usité à la grande mosquée de Tlemcen. – L’ornementation des 48 panneaux de bois, enfin, est significative : la décoration végétale, tant par les jeux divers de la tige que par les combinaisons de la flore, acanthe ou feuille de vigne, rappelle certains motifs de l’Aljaferia de Saragosse. Elle inclut le minbar de la grande Mosquée d’Alger dans l’art musulman de l’Occident: « Le meuble de 1097 montre le rattachement d’Alger, la ville sanhadjienne, à l’influence civilisatrice de l’Andalousie et du Maghreb » (Marçais).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




Les villes mortes du Mzab

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Les villes mortes du Mzab dans Archéologie 1545577556-m-zab

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour si intéressants à étudier que soient les Ksours actuels du Mzab, il ne faut pas se dissimuler que l’histoire des villes mortes et des lieux de refuge ne leur cède en rien comme intérêt. Là, de même que dans beaucoup d’autres régions de l’Afrique et de l’Orient, l’attrait du passé égale au moins, s’il ne le dépasse, celui du présent. L’époque pré-ibadite nous est insuffisamment connue, les premières phases de l’occupation définitive du Mzab par les ibadites n’ayant pas jusqu’ici été l’objet d’investigations minutieuses de la part des historiens. De là une valeur trop grande attribuée à des relations émanées d’auteurs mzabites souvent intéressés à ne point dire vrai; de là aussi des interprétations inexactes de plusieurs commentateurs qui, trompés par les versions de ces sectaires, se sont parfois déclarés à contretemps leurs trop aveugles admirateurs.

 

 

 

 

Parmi ces villes mortes et enceintes fortifiées sont:

Ksar-el-Amhar, au nord-ouest de Guerara, Mbertackh au sud de Guerara; Thilez d’Ith et Ksar Aoualaoual, en aval d’El Ateuf; Bordj Lalla-Rhira, Krima Châr, Ksar Hannoucha, le Ksar des Oulad Nçer, au nord de Bou Noura supérieur; Tmizert, Ksar Lououal, au-dessous de Mélika; Ksar Sidi Saâd sur une montagne en avant de Ghardaïa, dominant la vallée de l’Oued-Mzab.

 

 

 

 

Mais les agglomérations habitées furent autrefois bien plus considérables, puisque les Chroniques signalent l’existence dans la vallée de l’Oued-Mzab de 25 petits ksours. Parmi ceux dont il ne reste plus trace mentionnons ceux dont les auteurs mzabites ont fait mention : c’est ainsi que des groupes de familles étaient établis sur les lieux dits Bou-a-Kiaou, Tirechine, le ravin Mammou, autour de Beni-Isguen; sur le Meurki, entre Beni-Isguen et Bou-Noura; enfin dans d’autres endroits moins déterminés, par exemple au-dessous de l’emplacement de Bou-Noura supérieur, dans la partie inférieure du Chabet Dherbon, à El Ateuf, etc. A côté de ces emplacements que connaissent encore les savants du Mzab, il faut rappeler que d’autres ont été habités, dont l’indication n’a pu parvenir jusqu’à nous. C’est ainsi que Ibn Khaldoun parle dans son Histoire des Berbères d’une localité du Mzab, Beni-Jesid, dont il ne reste aucune trace.

 

 

 

Tous ces villages étaient depuis le v° siècle, date de leur fondation, occupés par des Zenata, les Beni-Mzab et par d’autres Berbères, les Our-fedjouma  (Fordjoumia comme disent les Mzabites), branche des Oulhaça eux-mêmes fraction des Nefzaoua.

 

 

 

 Ces populations se rattachaient au point de vue religieux aux sectes islamiques des Ouaçlia, des Sofria et des Moatazila; ceux d’entre eux qui se nommaient les Beni-Mzab étaient Moatazila. Les opinions religieuses étaient d’ailleurs assez partagées. Tandis que les gens de Thilez d’Ith étaient tous Moatazila, ceux de Tmizert étaient les uns Sofria les autres Moatazila. Cependant les Moatazila devaient être en plus grand nombre. Voici, à cet égard, ce que dit une chronique : « Le pays fut d’abord rempli de Moatazila s qui professaient des opinions religieuses connues de chacun et de tous, puis vinrent les Ibadites de l’ouest et du sud. Le Cheikh Mohammed-ben-Boukker (que Dieu lui fasse miséricorde) vint du sud chez les gens du Mzab et les convertit à l’ibadisme. »

 

 

 

Dans un autre texte copié, ainsi que le premier chez Atfièch, nous lisons ce qui suit : « Quand l’ibadisme fut vaincu et ses partisans chassés des Tiaret, Cheikh Mohammed-ben-Boukker vint du sud et ramena les gens à l’ibadisme et on lui tua un de ses fils. »

 

 

 

 C’est en effet ce Mohammed-ben-Boukker qui, venu non point du sud (sur ce point les Chroniques sont inexactes) mais de l’est ou du nord, se fit au ve siècle de l’Hégire l’apôtre de l’ibadisme au Mzab. Cependant la mention de la mort violente d’un de ses enfants semble indiquer que les habitants ne se laissèrent pas tous facilement orienter vers une foi nouvelle. Lorsque par exemple en 494 de l’hégire (1100-1101 après J.-C), les premiers Ibadites vinrent à Tmizert, les indigènes qui appartenaient aux sectes mentionnées plus haut se comportèrent de diverses façons; les uns consentirent à suivre la doctrine ibadite, les autres s’y refusèrent et, cédant probablement à la violence, quittèrent le pays. L’ancien cimetière désigné sous le nom de Djebana Aïssa ou Aïssis qui se trouve à Ghardaïa, contient deux tombeaux en assez bon état de conservation. D’après les savants de Mélika, ils abritent les restes de deux personnages influents Moatazila, mariés à des femmes ibadites et convertis à cette dernière secte.

 

 

 

 

 La cause de la ruine du Ksar Lououal, au-dessus de Mélika, ne doit du reste être recherchée que dans les luttes violentes entre les Moatazila et les Ibadites.

Au moment où les Ibadites d’Ouargla vinrent s’établir dans le Mzab qu’ils devaient occuper désormais, le pays n’était pas seulement occupé par des Berbères, les Beni-Mzab et les Ourfedjoum : ceux-ci avaient à compter avec une population arabe rivale venue progressivement elle aussi depuis le Ve siècle de l’hégire et qui comptait parmi ses unités les plus puissantes des Ghorfa et la grande tribu des Oulad-Nçer, fraction des Mekhadema.

 

 

 

 Recherchons maintenant à la suite de quelles circonstances les premiers ksour importants du Mzab furent détruits ; et parlons tout d’abord de celui qui, tout en étant le plus isolé, doit être considéré comme un des plus anciens.

 

 

 

 Ksar-el-Ahmar se trouve à 4 kilomètres environ de Guerara, vers l’ouest- nord-ouest, au delà de Saguet-et-Aïn. Les habitants étaient des Zenakhra venus de la région de Tiaret. Des luttes incessantes furent soutenues par eux contre les tribus rivales des Ftaït, Draïssa, Abadlia, Ouled MouIet. A l’heure de sa prospérité, le ksar comprenait 300 maisons ; depuis longtemps il ne reste plus de ce ksar abandonné que quelques habitations pouvant tout au plus être utilisées comme magasins de dattes; c’est ce à quoi servent encore celles que le temps a laissées debout. Tandis que M. de Motylinski pense que la fondation de Ksar-el-Ahmar remonte seulement à la seconde moitié du XVIIe siècle, certains érudits indigènes le considèrent comme datant d’une époque beaucoup plus ancienne. D’après quelques-uns d’entre eux, il aurait été édifié en 948 de notre ère, mais c’est là une grosse erreur de date, car les tribus arabes dont il vient d’être parlé appartiennent à la branche hilalienne.

 

 

 

Au contraire de Ksar-el-Ahmar, Mbertakh est une des plus récentes parmi les villes du Mzab aujourd’hui disparues. Son histoire est à vrai dire moderne puisque ce ksar a été fondé 42 ans seulement avant Guerara. Aussi, quoi qu’il y ait maints faits nouveaux à mentionner à son sujet, son histoire étant étroitement liée à celle de Guerara qui devait en quelque sorte naître de ses cendres.

 

 

 

Si du voisinage de l’Oued-Zeghrir on passe dans la vallée de l’Oued- Mzab, on peut distinguer au delà du grand barrage d’El-Ateuf les vestiges des Thilèz-d’Ith (en zenatia, flocon de laine). Il est le plus ancien et se trouve situé en aval de tous les autres ksour. Ses ruines consistent en débris de murs de deux ou trois habitations sur la partie culminante d’un petit mamelon rocheux isolé et en un pan de muraille qui, au niveau du lit de l’oued, paraît rappeler une partie du tracé de l’enceinte. Ce ksar qui ne pouvait guère comprendre qu’une trentaine de maisons existait à l’époque pré mzabite.

 

 

Une chronique nous dit, en effet, qu’il était habité par des Moutazilites et que ceux-ci furent obligés d’émigrer après avoir vu massacrer la plupart d’entre eux. Cette version doit être considérée comme beaucoup plus exacte que la suivante, qui mentionne comme habitants de Thilèz-d’Ith des Oulad-Mhammoud, des Oulad-Nçer et des Oulad-Ba-Addi. Ces tribus ne devaient, en effet, apparaître qu’avec l’invasion hilalienne, c’est-à-dire beaucoup plus tard. Ce qui est plus certain, c’est que le sultan de Ngouça venait y passer l’été, et que plus tard, toujours pour fuir les fièvres du pays d’Ouargla il se rendit pendant quelques années au ksar de Bou-Noura supérieur.

 

 

Les chroniques ont donné deux versions très différentes de la ruine de Thilèz-d’Ith. Dans l’une il est dit que ce sont les débordements du cheikh qui furent le point de départ d’une attaque de la ville par les Saïd et la cause de sa destruction.

 

 

 Le ksar était gouverné par un cheikh ; quand quelqu’un désirait épouser une jeune fille, il ne le pouvait que lorsque le cheikh « serait entré contre elle ». Un Saïdi vint un jour à passer conduisant sur un chameau un bassour à l’intérieur duquel était une jeune fille. Le cheikh lui dit : « Qu’est-ce là? — « Une jeune fille mariée, dit le Saïdi, nous la conduisons à son époux, notre chef. » — « Revenez sur vos pas, répliqua le cheikh, je serai le premier. » Le Saïdi se mit en marche comme pour obéir au cheikh, s’avança vers lui, le tua. Ce fut cause d’un combat entre les Saïd et Thilèz-d’Ith, combat qui avança la ruine de ce village. Cette lutte une fois terminée, une convention aurait été passée entre les Saïd et les futurs fondateurs d’El-Ateuf.

 

 

Dans une autre chronique, il est raconté que le ksar aurait été détruit par les Oulad Nçer, les autres habitants de la région d’El-Ateuf ayant été les premiers à passer à l’ibadisme.

« Les gens qui survécurent à ce massacre se portèrent du ksar Aoulaoual, ensuite à celui dont la fondation est attribuée à Lalla-Rheira, puis au lieu qui existe maintenant (emplacement actuel d’El-Ateuf) et qui précéda le Mzab de « 40 ans ». Une autre chronique nous dit : « Le premier Ksar fut celui de Lalla-Rheira que ruinèrent les Oulad-Necir. »

 

 

Il est aujourd’hui établi que Thilèz-d’Ith fut bien le premier ksar de l’Oued Mzab et que les Ibadites n’y habitèrent jamais. N’ayant pas été accueillis, ils allèrent fonder Ksar Aoulaoual, sur un mamelon en lisière le long de la rive droite de l’Oued., en amont et à peu de distance de Thilèz- d’Ith, affirmant ainsi leur intention de chercher à occuper définitivement la région.

 

 

 

 

Aujourd’hui les ruines d’Aoulaoual sont en partie masquées par des jardins, et un voyageur non prévenu risquerait fort de les laisser passer inaperçues ou de prendre ces vestiges pour des constructions sans signification historique. De la position même de Ksar Aoulaoual il résulte que ce village n’a pu être habité par les mêmes gens que Thilèz-d’Ith, que les deux ksour étaient certainement rivaux, et que celui qui est en amont de l’autre doit logiquement être considéré comme moins ancien.

 

 

 

 

 Le bordj de Lalla Rheira situé à l’entrée du chalet du même nom (à la hauteur d’El Ateuf, à l’est et sur la rive opposée de l’Oued) se présente sous l’aspect d’une petite construction carrée de dimensions peu considérable et de faible hauteur. Bâti et occupé par des Chorfa, il fut ruiné il y environ 400 ans a la suite d’une lutte inégale avec les Oulad Nçer. Il est probable que le Ksar Hannoucha qui, élevé lui aussi par les Chorfa, dominait le premier mamelon rocheux au delà du bordj Assa m’ta Bou- Noura sur la rive gauche de l’oued, fut détruit à la même époque. Les faits d’histoire qui se rattachent à la disparition de ces deux ksour ne nous ont pas été transmis ; une légende seule subsiste, relativement à Ksar Hannoucha : « Ce village possédait autrefois vingt et une maisons et une mosquée; il fut anéanti en quelques jours, les habitants ayant été tués par des serpents, qui, survenus en grand nombre, en faisaient mourir jusqu’à quatre, cinq, dix et jusqu’à douze par jour. » Non loin du bordj de Lalla Rheira se trouve le cimetière des Chorfa. On y montre encore les tombeaux des plus considérables d’entre eux, Sidi Mohammed ben Smaïl et ses deux fils.

 

 

Refoulés à leur tour de la région d’El-Ateuf par les Mzabites, les Oulad Nçer allèrent s’établir, vers l’année 1550, en un point situé au nord, de Bou-Noura et se créèrent un ksar assez important qui ne devait avoir qu’une durée relativement éphémère ; ses habitants durent émigrer progressivement et remonter vers le pays d’Ouargla. D’ailleurs les Mekhadema n’ont jamais cessé, depuis des siècles, de venir chaque année au Mzab ; ils viennent camper de préférence à l’endroit dit Kima Char, non loin du cimetière des Chorfa, en face d’El Ateuf et sur le théâtre de leurs anciens exploits.

 

 

 

 

Tmizert était situé entre Mélika et Bou-Noura dans la vallée de Tighzert. Quand on explore l’emplacement occupé jadis par ce ksar, on y rencontre un certain nombre de tours et de monuments, mais d’une date bien postérieure. Cependant ils peuvent nous servir à indiquer, d’après les traditions mzabites, l’étendue probable du territoire de Tmizert. C’est tout le bas fond limité par une vaste ellipse passant vers le nord à la hauteur des Koubbas de Si Abbaz et de Cheikh ba Abder rahman et vers le sud au bas de la montagne de Meurkhi. Comme ancienneté, Tmizert doit dater de la même époque que Ksar Lououal; avec Ksar el Ahmar et Thilèz-d’Ith ce sont les premiers fondés dans le Mzab.

 

Si on remonte l’Oued Mzab vers le nord jusqu’à la hauteur de Mélika, une construction blanche à mi-distance entre la rive gauche de l’oued et le ksar attire l’attention du touriste. Désignée sous le nom d’Arr’oum Oud’aï, elle représente tout ce qui subsiste de Ksar Laououal.

 

Il fut fondé en 945 de notre ère et habité pendant 250 ans par les ancêtres de ceux qui plus tard devaient fonder Mélika. La ruine fut causée par la série des luttes dans lesquelles des Ouaçlia défendant leur doctrine contre les Moatazila avaient eu le dessous.

 

 

 

 

 Pour en finir avec l’énumération un peu longue  mais indispensable à faire des villes mortes, il ne reste qu’à parler de Ksar-Sidi-Saâd.

 

 

A 600 mètres environ au nord-ouest de Ghardaïa, le touriste qui se rend du ksar vers l’oasis aperçoit sur sa gauche, couronnant le sommet d’une montagne abrupte (Absil Baba Saad) des murailles en grande partie détruites. Si j’ajoute que dans l’enceinte il existe quelques ruines de maisons et quelques réservoirs d’eau, j’aurai énuméré tout ce qui reste de Ksar Sidi-Saâd.

 

 

La légende de la fondation du ksar telle qu’elle est racontée paraît devoir être rapportée, malgré qu’elle contienne plusieurs erreurs historiques très grossières : « Il y a plus de huit cents ans, le dey d’Alger était venu pour faire la guerre aux gens du Mzab. Il commença par marcher contre les habitants de Mélika et les bloqua si étroitement qu’ils se voyaient tous condamnés à mourir de soif. Le marabout Sidi Aïssa étant heureusement parmi eux, ils vinrent le supplier de les aider à sortir de cette situation difficile. Aussitôt la nuit venue, Sidi Aïssa se dirigea hors des murs et, sans être troublé par les soldats ennemis qui, en vertu d’une faveur spéciale du Seigneur, dormaient d’un profond sommeil, il se mit à creuser le sol avec une corne de mouton. Après avoir travaillé quelque temps, il appela les fidèles : ceux-ci furent frappés d’admiration en apercevant à quelque distance de Bab-Benthrach l’ouverture d’un puits de 50 mètres abondamment pourvu d’eau et connu sous le nom de Hassi-Hanou.

Avec la confiance, le courage revint aux Beni-Mzab, qui s’acharnèrent dans leur résistance. Découragés, mais désireux de ne point reculer, le bey demanda à Sidi-Aïssa de lui donner la main de sa fille. Le marabout eut l’air d’y consentir, mais sans plus tarder, traça sur la figure et les mains de son enfant, des inscriptions dont la vue seule devait faire fuir les ennemis. Dès que le bey eut aperçu la fille de Sidi-Aïssa descendant les pentes de Mélika, il se hâta de partir avec ses troupes et se réfugia à Sidi-Saâd où il commença à construire un ksar. Sa frayeur était telle qu’il ne voulait pas autoriser ses soldats à aller chercher de l’eau; mais l’accomplissement d’un nouveau fait extraordinaire devait pour quelques temps leur rendre du courage.

Un jour une des femmes qui avaient suivi l’armée voulut descendre seule vers l’oued. Sans prendre le moindre repos, elle gravit successivement quatre-vingt-dix-neuf fois la montagne en portant une guerba d’eau. A la centième, au moment où elle arrivait près du mur au haut du chemin de Sidi-Belal, elle mit au monde un fils qui mourut sur l’heure. A cet endroit si miraculeusement désigné, on creusa le sol et à 20 mètres l’eau fut trouvée.

Malgré tout, les Mzabites s’étant coalisés parvinrent à chasser le Dey, son ksar fut démoli et désigné depuis sous le nom de Ksar-el-Kali ».

 

 

Plusieurs versions, différentes de celle reproduite plus haut, sont bien connues des savants du Mzab, c’est ainsi que Ksar Sidi-Saad aurait été fondé par un Abbassi sultan du Quelâa des Beni-Abbês (entre Akbou et Bordj-bou-Arréridj) venu au Mzab pour exercer des représailles contre ses habitants. Ce chef devait être assez bien pourvu de matériel de guerre, si l’on en juge par les cinq ou six énormes canons en bronze trouvés au Quelâa.

 

 

Pour d’autres, ce n’est point El Abassi, mais bien les Beni-Mzab habitant Ghardaïa qui, dans la crainte de ne pas pouvoir lui résister, auraient il y a quatre cents ans bâti la première enceinte, afin de s’y retrancher au cas où leur ville serait prise. Ils auraient échappé du reste à cette extrémité, leur ennemi ayant été forcé de lever le siège et départir en, abandonnant une partie de ses bagages.

 

 

Le commandant Coyne dit : « que d’après la tradition arabe, ce ksar avait été assiégé, dans le temps, par un bey turc qui aurait péri avec sa troupe ».

 

 

Il reste probable que le Mzab a dû être envahi vers le XVe  siècle, mais ce qui ne saurait soulever de discussion, c’est ce fait bien établi que les Mzabites n’ont pas été les fondateurs de Ksar Sidi-Saad et ne l’ont jamais occupé d’une façon permanente. Aussi doit-on considérer comme dénuée de fondement l’opinion ainsi formulée par le commandant Coyne : « Tout porte à croire que ce petit ksar a été édifié par les Mzabites de Ghardaïa, afin de protéger les débouchés de la rivière et de garder la ligne des hauteurs qui dominent la ville du côté du sud et qui s’étend d’une manière continue jusqu’aux limites de la Chebka vers l’ouest. »

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

  

 

  

 

 

 

 

 

 




Cheminement des graphies préhistoriques africaines

1022019

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Durant la période préhistoriques, l’apparition progressive de la parole et des langues à travers lesquelles les homo sapiens communiquent, dans une mesure et à une échelle jusque-là inconnues, représentent la première rupture fondamentale dans le phénomène de socialisation de l’homme, en Afrique d’abord, et, graduellement, à travers l’Eurasie. Cette période voit la taille crânienne des hominidés s’affiner avec une complexification croissante du cerveau et de ses fonctions. Pour la première fois, mais probablement sur une très longue période, l’homme acquiert l’intelligence, et, avec elle, la mémoire qui déculpe ses fonctions analytiques, d’archivage et de stockage, métaphysique et de sa relation au temps, à la distance et à la vitesse. D’où l’importance de l’astronomie durant toute l’antiquité comme l’indiquent les ouvrages phares de Mayassis et d’Antoniadi sur les classiques grecs, élèves studieux des anciens prêtres égyptiens. La relation entre l’observation astronomique et l’apparition des signes graphiques et de l’écriture a été établie par Antoniadi dans une mesure rarement égalée dans la littérature disponible.

 

 

Dès son Afrique dans l’antiquité publié en 1973, Obenga identifie les foyers culturels de l’Afrique antique avec leurs graphismes et leurs systèmes d’écriture respectifs sur la base d’une périodisation qui trouve ses dérivés que sont le démotique et le méroïtique, ainsi que toutes les graphies utilisées par la suite en Afrique même, et dans les principaux foyers de civilisation de l’antiquité, y compris, notamment, en son rameau égypto-nubien.

 

L’auteur conclut ainsi ses observations :

Si l’on prend en considération les civilisations du Nil moyen, de l’ensemble égypto-nubien, du croissant fertile Nil-Sahara, du Sahara montagnard, du Soudan occidental (plateau central nigérien ; ruines Lobi), de Nok, au Nigéria (plateau de Jos), entre 900 avant notre ère et 200 de notre ère, de Ntereso, au Ghana, des villes fortifiées de jadis (San, Zimbabwe), des pétroglyphes sénégambiens, maliens, nigérians, éthiopiens, sud-africains, des centres métallurgiques nubiens, des ruines du Soudan méroïtique, des temples et tombeaux (pyramides) de l’Egypte pharaonique, une seule conclusion s’impose : dans l’Antiquité négro-africaine, l’Afrique noire était littéralement couverte, sur la presque totalité de son étendue (l’Afrique noire s’étendait alors au Sahara, au nord de celui-ci, au bord de la Méditerranée), d’importants foyers culturels qui n’ont pas manqué de diffuser des éléments de civilisation tant matériels que spirituels, à travers le continent noir tout entier.

 

Ce sont indubitablement les mêmes traits culturels dérivés du principe vitaliste selon liquel le verbe créateur, le nommo dogon se fond dans le principe même de la création de l’univers, de l’ici-bas et de l’au-delà, de l’esprit et de la matière unis en un même jaillissement dialectique, que l’on retrouve dans les éléments fondateurs de l’écriture inscrits dans le sacré et confondus dans l’émergence de Ptah en tant que siège même de l’invention de l’univers et de « l’engendrement des paroles divines circonscrites dans les hiéroglyphes ». Thot inventeur de l’écriture, nous dit Obenga, apprend aux humains les signes de l’écriture en se servant de graphèmes « habillant » une langue, la prêtant à l’intelligibilité du sens, de la spéculation et de l’analyse. Ainsi, « pour les anciens Egyptiens, l’Ecriture comporte encore une autre dimension : la graphie d’un étant, le sens de l’être, de l’étant en tant qu’étant se présentant derrière la graphie même. L’Etre s’ordonne derrière l’Ecriture. Lire un texte hiéroglyphe, c’est faire apparaître la présence (souligné par l’auteur) de l’être. »  

 

En dehors des témoignages de la prodigieuse activité néolithique dans le plateau central nigérien (ce même site où furent découvertes les premières activités artistiques des Africains du néolithique inscrites dans les grottes ou des abris rocheux), on note l’existence de pétroglyphes à travers toute l’Afrique, souvent sculptés dans la pierre même, de forme phallique, appelant les divinités mâles et femelles à s’accoupler pour produire la végétation, source de vie et d’élévation matérielle et spirituelle.

 

Ces pétroglyphes annoncent déjà, comme le suggère Cheikh Anta Diop, la « forme transposée, déguisée, d’une métaphysique qui évoluera sans interruption vers l’idéalisme ».  En dehors des signes sacrés architecturaux d’Egypte, du Zimbabwe, du pays Yorouba ou Nok du Nigéria, les courants civilisateurs liés à la métallurgie, la poterie, l’habitat sous les formes les plus variées, notamment dans le Croissant fertiles (Nil moyen – Egypte, Nil moyen – Sahara central), aux alentours du lac Tchad, les hommes et femmes néolithiques, soudanais en particulier, ont laissé des traces indélébiles attestées et datées par l’archéologie et la paléontologie. Comme le montrent les études de terrain remarquables d’Henri Lhote, les palettes artistiques riches et variées inscrites dans les grottes du Tassili et qui ne cessent de nous émerveiller aujourd’hui encore, sont en partie et suivant les périodes, d’inspiration négro-africaine, comme le montrent si éloquemment les Peuls de l’ère néolithique dessinés et peints avec un réalisme saisissant.

 

Ces premières tentatives d’abstraction, d’analyse et de reproduction fidèle ou idéalisée, réaliste ou métaphysique, de l’environnement immédiat et de la totalité cosmique dans lesquels évoluent les populations néolithiques du Sahara sont d’une importance considérable. Car elles marquent la deuxième rupture fondamentale dans tous les processus de communication connus jusque-là (langage, parole sacrée, incantations individuelles ou de groupe, en public ou dans la sphère du sacré et donc du message caché, codé qui ne se donne au déchiffrement qu’à l’initié).

En effet, pour la première fois, l’humanité pensante réussit la séparation physique entre le messager et le message dont il est porteur. Elle fixe sur un médium de type nouveau (la roche sculptée ou peinte), les préoccupations sociales des élites sociales par rapport au règne animal (en abondance dans le Sahara néolithique avant la période des grandes sécheresses et la désertification) et par rapport aux cultes religieux, en tous cas métaphysiques.

 

C’est ce premier élan de l’homme vers la pensée et la spéculation scientifique qui marque entre -6000 et -3000, la première utilisation organisée, et attestée à une échelle jusque-là inconnues, du tracé, de la ligne, de la courbe et de toutes sortes de figures géométriques, de masques ou de symboles en tant que reproduction du réel et/ou médiation entre le Verbe créateur et la manière, le créé, que ce dernier soit extrait ou l’expression du règne animal, végétal ou minéral voire humain. Les ateliers découverts dans les principaux sites culturels préhistoriques montrent que dans leurs activités, les premiers « dessinateurs » ou « peintures » du néolithique africain se sont surtout servis de macérés végétaux ou de poudres rocheuses, d’excréments d’oiseaux ou d’essences  ligneuses carbonisées destinées à reproduire des nuances coloriées au détail près et des plans exécutés de main de maître et encore inconnus de l’Homme. Les processions magico-religieuses et les masques de cette période montrent des postures, une vision artistique et des antécédents ontologiques qui se rapprochent en tous points des registres artistiques et culturels découvertes dans la période historique à travers le continent africain.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cheminement des graphies préhistoriques africaines   dans Archéologie 1543843715-29

Jeunes filles peules. Abri de Jabbaren (Tassili-n’Ajjer).

 

 

 

 

 

 

 

Les images laissées par l’homme préhistorique à la postérité restent le premier livre ouvert d’histoire naturelle et d’art, et, sans doute, les premiers signes qui précèdent l’écriture et rendent dans le détail les premières pulsions de l’organisation humaine, de son degré d’ingéniosité technologique, mais aussi, de sa capacité à élever l’esprit aux abstractions métaphysiques et religieuses.

 

Exécutés avec brio, ces dessins, ces peintures et ces engravures sur  pierre annoncent, à travers plus d’un million de sites africains dispersés parmi les hauts plateaux, les falaises et les abris élevés qu’offre parfois l’environnement saharien, les premières abstractions idéogrammatiques découvertes au amont de la chronologie scripturaire africaine et universelle. La dispersion géographique des arts rupestres se déroule suivant les axes suivants :

 

-          A n’en pas douter, le Sahara représente le site le plus diversifié avec un nombre inégalé de graphismes et de peintures rupestres du Tassili N’Ajjer en territoire algérien, au sud marocain, à la Libye aux massifs du Ténéré (Niger), au Tibesti tchadien et aux monts sablonneux et rocailleux de Tichitt en Mauritanie ;

 

-          En Afrique de l’Est, en Tanzanie et dans les hauts plateaux éthiopiens ;

 

 

-          En Afrique australe, à travers l’Etat d’Orange, la rivière du Vaal, le Transvaal et les cavernes du Congo.

 

 

Du point de vue de la chronologie, on peut admettre les principales périodes suivantes :

 

Pour s’affranchir de la tyrannie de la communication gestuelle, puis orale, de personne à personne, de personne à groupe ou de groupe à groupe, le processus d’osmose entre la parole et sa signification écrite, codifiée et pensée au bout de très longues périodes, l’homo sapiens est passé par plusieurs ruptures dans son évolution :

-          Domestication du Verbe, donc de la parole et des langues ;

-          Invention de l’abstraction graphique à travers les abris se distribuant du Sahara néolithique au Finistère de Bloemfontein, en Afrique du Sud, sous la forme de peintures et de graphismes inscrits, peints ou gravés dans la roche durant de longues périodes qui témoignent de peuplements très anciens par diverses civilisations soudanaises, peules puis berbères ;

-          Invention de l’écriture hiéroglyphique en Egypte, dans les bas-reliefs d’Abydos, avec en toile de fond la notion du Verbe créateur, de Ptah et son corollaire Thot, Dieu de l’écriture, clés de voûte du système graphique africain inscrit dès le départ dans le registre du sacré, donc des cosmogonies et du vitalisme qui en constituent la substantifique moelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




Le Champ de Bataille d’Alarcos

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Le 19 juillet 1195, l’armée du calife almohade Abu Yusuf Ya’qub, commandée par le souverain en personne, remporte sur les Castillans et quelques contingents portugais dirigés par le roi Alphonse VIII de Castille la grande victoire d’Alarcos, dans la zone frontière de la Castille avec l’Empire Almohade. Cette région située au sud de Tolède avait été occupée par les chrétiens au milieu du XII siècle (1147), lors de l’effondrement du régime almoravide qui avait permis de notables avancées chrétiennes (c’est à ce moment que sont prises Lisbonne et Tortosa). Le centre principal en était la ville fortifiée de Calatrava (Qal’at Rabah), localité d’une certaine importance existant depuis les premiers temps de la conquête sur la rive sud du Guadiana. La pression almohade avait amené le roi de Castille à en confier la défense à un ordre militaire nouvellement créé, qui prit le nom de la cité. Après Alarcos, les musulmans reprennent Calatrava, qui redevient almohade jusqu’à la bataille de Las Navas de Tolosa (1212), qui dix-sept ans plus tard reverse définitivement l’équilibre des forces en faveur des chrétiens. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Champ de Bataille d'Alarcos  dans Archéologie 1541332243-la-muralla

La muraille d’Alarcos

  

 

 

 

 

 

 

 

 

L’archéologie de la région est particulièrement riche. Sur le site de Calatrava, abandonné après 1212, subsiste l’enceinte urbaine, renforcée de 37 tours, qui enserre une superficie de 5 ha environ, sur une hauteur de faible importance (5 à 10 m) renforcée par un fossé dont l’eau était prise directement dans le Guadiana. Cet espace était celui de la madina musulmane, c’est-à-dire de la ville, qui comprenait sa qasaba ou citadelle. Tout autour on relève des traces d’habitats constituant des faubourgs, qui semblent avoir été actifs et plutôt en expansion durant cette période d’occupation almohade. Il existait une seule porte d’entrée coudée, et une importante tour albarrana en avancée jusqu’au cours du fleuve. 

 

 

D’importantes compagnes de fouilles ont été réalisées, qui ont fourni un abondant matériel archéologique de toute nature (céramique, outillage et armes de métal), particulièrement intéressant pour la connaissance de la civilisation matérielle durant l’occupation almohade de la cité. 

 

 
 

A quelque 8 km au sud-est de Calatrava, sur une hauteur où l’archéologie a retrouvé des vestiges importants d’un peuplement d’époque ibérique, mais où il ne semble pas y avoir eu ensuite d’établissement jusqu’au Moyen Âge central, il existait depuis le XI e siècle au moins un petit ensemble fortifié, peut être assorti d’un peuplement rural, qui portait le nom de« Château d’Alarcos» . Le roi Alphonse VIII de Castille décida de le renforcer et d’établir sur les pentes de la colline, en contrebas, une ville de colonisation chrétienne importante, qui aurait eu une superficie de trentaine d’hectares. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1541332243-torre-templaria-y-foso-seco dans Archéologie

Tour sud du chateau d’Alarcos

 

 

 

 

 
 
 
 

 L’enceinte de celle-ci était en cours de construction lorsque se produisait la bataille en 1195, qui se déroula sur le lieu même où l’on était en train d’édifier la nouvelle ville et dans ses abords immédiats. Les fouilles effectuées depuis 1984 dans le château, mais aussi le long du tracé de l’enceinte en construction, ont bien mis en évidence la structure de celle-ci, édifiée comme la plupart des constructions militaires de cette époque en branchées de tabiya, et ont surtout permis la découverte d’une grande quantité d’armes et de pièces d’équipement (pointes de flèche, balles de fronde, lances, couteaux, éperons) en liaison directe avec le célèbre combat. Ce lot constitue l’un des ensembles d’armes les plus importants de l’Europe retrouvé dans un tel contexte archéologique.

 

 

La construction de la ville, interrompue par la victoire musulmane, ne fut pas reprise au même endroit après la réoccupation de la zone consécutive à Las Navas de Tolosa. La sécurité de la région étant complètement assurée par l’avancée chrétienne du second quart du siècle, c’est dans la plaine que s’établit la nouvelle ville de colonisation, sur le site actuel du Ciudad Real, fondée officiellement en 1255. 

 

 

 Entre temps, et dans l’incertitude où l’on était après Las Navas de l’évolution du rapport des forces – les souverains vainqueurs sont morts quelques mois plus tard laissant une situation de crise aussi bien en Aragon qu’en Castille, et l’on ne peut prévoir l’effondrement prochain de l’Empire almohade – les chevaliers de Calatrava réinstallés dans la région décident d’édifier, sur une hauteur assez fortement défendue où se trouvait déjà semble-t-il une petite fortification, un très puissant château, l’actuel Calatrava la Nueva. Celui-ci est impressionnant par sa situation et son ampleur – 4.5 ha au total et 3 enceintes concentriques – plus que pas sa construction en pierre de médiocre appareil, qui semble témoigner d’une certaine hâte ou de moyens peu en accord avec l’ambition apparente du projet. 

 

 

 

 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

L’iconographie chrétienne de la fin du XIII e siècle propose des représentations des combattants des deux camps, mais ce n’est qu’avec prudence que l’on peut tirer des données sur l’équipement et l’armement des armées à la fin de l’époque almohade. 

 

 

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Dans les scènes de batailles, apparaît le même contraste entre l’armement lourd des chevaliers chrétiens, complètement protégés, et celui, plus léger, des guerriers montés musulmans, dont la tactique habituelle était le  »torna-fuye », fait d’attaque rapides et tournoyantes suivies de retraites aussi rapides; on cherchait à entraîner les cavaliers chrétiens plus lords à la poursuite de leurs adversaires de façon à les attirer dans des embuscades.   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 



Les Romains Au Hoggar?

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D’après les Fouilles de M. REYGASSE Au Sahara algérien 1933

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Romains Au Hoggar?  dans Archéologie 1538226380-450px-reygasse-maurice

Maurice Reygasse

 

 

 

 

 

 

Si l’auto a triomphé des dunes de sable du Sahara, le grand désert est encore loin d’avoir livré ses secrets aux savants, géologues, archéologues, préhistoriens qui fouillent ce squelette énorme, où vivaient autrefois des plantes, des arbres, des hommes. 

 

Parmi ces savants, M. Reygasse a voué son existence à l’étude archéologique et préhistorique du Sahara. D’après ses fouilles au Hoggar: 

 

Nous nous demanderons si les Romains ont connu, et jusqu’à quel point, le Hoggar. Auparavant, il faut noter que, jusqu’à ces derniers temps, 

on n’avait découvert aucun vestige de l’âge préhistorique au Sahara. M. Reygasse vient de faire à ce sujet les observations les plus étonnantes : un atelier paléolithique, très riche, un peu au Nord du Hoggar, sur environ deux kilomètres de long, avec des vestiges, par milliers, d’une industrie de l’âge de pierre. 

 

Dans cette même région, et pour la première fois, nous apprenons de M. Reygasse que les haches polies abondent, et qu’on en trouve de très belles chez tous les nobles Touaregs ; comme tous les primitifs, ils voient en elles des pioches envoyées du Ciel, et qui protègent de la foudre. Ne sait-on pas qu’au moyen âge, on mettait de telles haches polies sur le seuil des maisons pour les protéger contre le feu du ciel et, comme chez les Touaregs du Hoggar, beaucoup de personnes conservent avec soin ces sortes de pierres. 

 

Il y a plus : dans ces lieux riches en vestiges préhistoriques, comme aussi dans certains coins du Ténéré, à peu près inexplorés et si totalement morts aujourd’hui, le capitaine Wauthier a découvert des tombes extrêmement nombreuses. 

 

De cet ensemble de découvertes, il ne fait point de doute pour M. Reygasse qu’il y a eu, à la période néolithique, et à l’âge des métaux, pendant des siècles, des habitats humains durables ; des sédentaires ont vécu dans ces régions sahariennes, où aujourd’hui il n’y a plus aucune possibilité de vie ni végétale, ni humaine. 

 

Nous avons, grâce à ces découvertes, grâce aussi aux nécropoles préhistoriques, ou plus exactement préislamiques, découvertes par M. Reygasse au Hoggar, la preuve que le dessèchement du Sahara est beaucoup plus récent qu’on le suppose. 

 

Nous en arrivons au point capital des fouilles de M. Reygasse : elles ont porté sur le fameux tombeau de Tin-Hinan, fouillé déjà à plusieurs reprises  par M. Reygasse lui-même et la mission franco-américaine. On se souvient que ce monument se dresse en plein Hoggar sur une 

petite colline de 40 mètres d’altitude et que, d’après la légende touareg, il renferme le tombeau de la première reine du Hoggar, venue là avec de nobles Touaregs. 

 

 Grâce à ses travaux on a mis à jour une chambre de 4m,50 de long et, sous des dalles énormes, on y découvrit un lit en bois sur lequel une femme avait été inhumée. Elle était parée de bijoux splendides : 7 bracelets en or à un bras, 7 bracelets en argent à l’autre bras et, autour du cou, un collier avec des éléments byzantins d’or et de pierres précieuses. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Un des quatorze squelettes trouvés dans un des chouchets du monument de TinHinan. (Fouilles de M. Reygasse). 

 

 

 

 

 

 

 

Le squelette étudié par le docteur Leblanc a révélé que cette femme était probablement de race noble égyptienne. 

 

En reprenant les fouilles du monument de Tin-Hinan, M. Reygasse y a trouvé, à 8 mètres de la partie supérieure, 14 tombes avec 14 squelettes qui sont, d’après la légende touareg, les premiers nobles qui ont accompagné la première reine venue au Hoggar. 

 

Ces squelettes ont été transportés à Alger où ils font l’objet des études du docteur Leblanc. 

 

Mais d’ores et déjà, cette nouvelle fouille du monument de Tin-Hinan apporte des révélations sensationnelles : il ne s’agit pas, en elfet, comme on le croyait, jusqu’à ces derniers mois, d’une immense nécropole comparable au fameux tombeau de la chrétienne, mais plutôt, semble-t-il à M. Reygasse, d’un petit fortin. 

 

Dans une salle à proximité de celle où se trouvait le tombeau de Tin-Hinan, M. Reygasse a trouvé du verre, un fragment de lampe romaine, de gros éléments en fer qui ont dû servir à réunir des poutres, des clous énormes, des pointes de flèches ; matériel plutôt romain. 

 

Deux hypothèses se présentent : ou bien ces éléments romains ont appartenu à des Romains qui ont habité ce coin du Hoggar ; ou bien ils ont été apportés et mis là par des individus qui avaient été en relations avec les Romains. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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A gauche, le tombeau de TinHinan. Sous ces dalles énormes, on a découvert un lit en bois sur lequel reposait la reine du Hoggar, et les tombes de 14 chefs Touaregs, venus au Hoggar avec la reine. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette deuxième hypothèse est difficile à admettre : on ne conçoit pas, en effet, que des nomades se soient donné la peine de rapporter le long de plusieurs centaines de kilomètres, des objets aussi fragiles et sans signification comme sans valeur pour eux. Il est certain que ces éléments avaient pour ceux qui les ont déposées dans ce fortin une valeur rituelle ou une valeur de souvenir. Qu’ils aient été transportées par un Romain, ceci ne veut pas dire d’ailleurs qu’il y ait eu dans cette région un peuplement romain. Il semble que nous soyons en présence d’un fort. La situation du monument de Tin-Hinan, la disposition des salles, l’épaisseur des murs extérieurs qui ont parfois jusqu’à 30 mètres de large au 

sommet d’une colline escarpée sans aucune facilité d’accès : tout cela donne l’impression d’un fort. 

 

Notez qu’il n’y a qu’une seule porte de 1m,70 de large, mettant cet énorme monument en communication avec l’extérieur, ceci pour la facilité de la défense. 

 

M. Reygasse songe aux petits postes que nous avons dans l’extrême Sud saharien sur la limite soudanaise, où il y a parfois un seul sous-officier 

et un seul lieutenant qui habitent des constructions analogues à celles des indigènes et qui vivent de la vie de ceux-ci. 

 

Supposez que dans trois cents ans, c’est-à-dire dans un temps beaucoup plus court que celui qui nous sépare du monument de Tin-Hinan, un voyageur archéologue passe par là ; s’il trouve un bouton de métal, un bidon de pétrole, comme vestige de notre occupation, c’est qu’il aura eu de la chance. 

 

Nous concluons donc, avec M. Reygasse, que le monument de Tin-Hinan représente un fortin romain qui servait sans doute à protéger les com-merçants qui allaient vers le Niger chercher de l’ivoire et de la poudre d’or. 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 







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