La Tribu des Oulad Daoud (Aurès) – 1ère partie –
15 01 2021
Historique
© AURÈS, TERRES DE TRADITIONS.
L’histoire des Oulad Daoud se trouve intimement liée à celle des Oulad Abdi. Leur point de départ commun est le Djebel Lazerek : ils formèrent deux groupes ; l’un remonta la vallée de l’Oued Abdi et l’autre se dirigea sur l’Oued El-Abiod. C’est ce dernier groupe qui forma la tribu des Oulad Daoud. Ceux-ci s’établirent d’abord dans le cours inférieur de la rivière depuis Tiraminine jusqu’à Arris, puis gagnèrent pied à pied sur les Beni Oudjana tout le territoire compris de la Déchera El Hadjedj jusqu’aux contreforts de Chelia.
Mais, jusqu’à notre arrivée, ils ne purent occuper ce territoire d’une façon positive ; ils eurent sans cesse à lutter contre les Beni Oudjana au Nord et les Beni Bou Slimane à l’Est et au Sud ; le terrain passa tour à tour entre les mains du plus fort.
Les Oulad Daoud luttèrent également contre leurs anciens frères de l’Oued Abdi qu’ils voulurent supplanter ; mais leurs efforts furent infructueux : ils ne purent réussir à franchir la passe de Baâli ni les autres points de passage entre les deux vallées.
Ces guerres de tribus à tribus créèrent des rivalités sourdes qui ne sont pas encore complètement apaisées. Les Oulad Daoud et les Oulad Abdi se tiennent complètement à l’écart et n’ont encore que des relations forcées ; cette situation disparaîtra complètement quand les uns et les autres seront bien pénétrés de leurs droits respectifs.
Malgré leur résistance rigoureuse, les Oulad Daoud devinrent tributaires des Turcs et formèrent, avec les tribus voisines, un cheikhat appelé Cheikhat de l’Aurès, sous l’autorité de Mohammed Larbi, membre très influent d’une famille des Achèches. Mais on peut affirmer que jamais aucun soldat de la régence ne foula leur sol. Les Turcs n’obtinrent pas de passer à travers la tribu pour descendre vers le Sahara.
En 1845, en même temps que les Oulad Abdi, les Oulad Daoud firent leur soumission à la France.
Leur tribu fut érigée en caïdat indépendant dont le titulaire a été Si Bou Diaf, fils de Mohammed Larbi, l’ex-cheikh de l’Aurès sous la domination turque.
La part prise par les Oulad Daoud dans les différents soulèvements qui agitèrent le pays pendant quarante ans aurait dû nous faire prévoir que leur calme serait de courte durée.
En 1849, ils s’allièrent aux insurgés des Zibans et leur révolte fut vite réprimée.
Dix ans plus tard, ils se joignirent avec les Oulad Abdi, aux partisans de Si Saddok et se rendirent à la même époque, après la prise d’El-Ksar.
Les Oulad Daoud ne prirent aucune part à l’insurrection de 1871 et l’on avait le droit de supposer, après les répressions sévères infligées aux tribus révoltées, que notre domination sur les indigènes était tout à fait consolidée. Mais leur esprit fanatique n’avait rien perdu de son irrésistible empire.
En 1879, un nommé Mohammed Ben Abderrahmane, dit Ben Djerallah ou Bou Berma, originaire des Beni Bou Slimane, de Biskra, à la tête de quelques partisans recrutés dans les Oulad Daoud, alla assassiner le caïd Si Mustapha ben Bachtarzi, à Tkout, puis revint à Médina attaquer un lieutenant du bureau arabe campé sur ce point avec les trois caïds du Cercle. Le caïd Si Bou Diaf fut tué ; l’officier du bureau arabe s’échappa miraculeusement. Pendant la nuit du 5 au 6 juin, les insurgés, ayant toujours à leur tête le chérif, se rendirent à l’Oued Taga, attaquèrent le bordj du caïd Si M’hamed ben Abbès et tuèrent son fils Si El Hussein.
Après cette série d’assassinats, toute la tribu des Oulad Daoud se souleva et marcha à la suite du chérif. Trois colonnes, parties simultanément de Batna, Biskra et Khenchela cernèrent les insurgés et les réduisirent rapidement à demander l’aman. Le désarmement fut ordonné et une contribution de guerre de 207,161 fr. fut frappée sur la tribu.
Depuis, les Oulad Daoud ont enfin compris qu’il était plus sage de vivre paisiblement.
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