La légende du célèbre musicien arabe Alfarabbi
12 12 2020
Alfarabbi avait appris la musique en Espagne, dans ces écoles fondées par les Califes de Cordoue et déjà florissantes à la fin du neuvième siècle.
La renommée du célèbre musicien, dit un auteur Arabe, s’était étendue jusqu’en Asie. Le sultan Fekhr ed-doula, désireux de l’entendre, lui envoya plusieurs fois des messagers porteurs de riches présents et chargés de l’engager à venir à sa cour. Alfarabbi, craignant qu’on ne le laissât plus revenir dans sa patrie, résista longtemps à ces offres. Enfin, vaincu par les instances et la prodigalité du sultan, il se détermina à partir incognito.
Arrivé au palais de Fekhr ed-doula, il se présenta dans un costume si déguenillé qu’on lui eût refusé l’entrée, s’il n’eût dit qu’il était un musicien étranger désireux de se faire entendre. Les esclaves, qui avaient ordre d’introduire les poètes et les musiciens, le conduisirent alors auprès du Sultan. C’était précisément l’heure où Fekhr ed-doula assistait à ses concerts journaliers. La pauvreté du costume d’Alfarabbi n’était pas faite pour lui concilier la sympathie; cependant, on lui demanda de jouer et de chanter.
Alfarabbi eut à peine commencé sa chanson que déjà tous ceux qui l’écoutaient furent pris d’un accès de rire impossible à comprimer, malgré la présence du Sultan. Alors, il changea de mode, et aussitôt la tristesse succéda à la joie. L’effet de ce changement fut tel que bientôt les pleurs, les soupirs et les gémissements remplacèrent le bruit des rires. Tout-à-coup, le chanteur change encore une fois la mélodie et le rythme, et amène chez les auditeurs une fureur si grande qu’ils se seraient précipités sur lui, si un nouveau changement ne les eût apaisés, puis, plongés dans un sommeil si profond, qu’Alfarabbi eut le temps de sortir du palais et même de la ville avant qu’on pût songer à le suivre.
L’auteur arabe ajout que, lorsque le Sultan et ses courtisans se réveillèrent, ils ne purent attribuer qu’à Alfarabbi les effets extraordinaires produits par la musique qu’ils venaient d’entendre.
Laisser un commentaire