Le Chaouia (dialecte) de l’Ahmar-Khaddou – 4ème Partie
13 09 2020D’après le minutieux travail de Gustave Mercier
Étude Grammaticale
Chapitre Premier – Du Nom: Pluriels
A.- Pluriels Masculins.
1re forme. — Le pluriel s’obtient en ajoutant au nom singulier la terminaison n ou en et en changeant en i la première voyelle a du radical. Quand cette voyelle n’existe pas, ils prennent cependant un i préfixe au pluriel.
Ex. : âlaou (1), burnous, pl. iâlaoun;
ah’d’ir (2), pierre, ih’d’iren ;
askiou, nègre, iskioun;
alek’k’ad’, queue, ilek’k’ad’en, etc.
2° forme. — Très fréquente également, cette forme consiste à changer en a la voyelle de la dernière syllabe de certains singuliers, qui prennent également au pluriel le préfixe i.
Ex.: ar’ioul, âne, pl. ir’ial;
ânk’out’, grappe, pl. iânk’at’;
âllouch, membre viril, pl. iâllach;
ak’erbous (3), colline, ik’erbas, etc.
Il arrive fréquemment, dans les pluriels de cette forme, que la dernière syllabe soit précédée par la voyelle ou.
Ex. : iazid’, coq, pl. iiouzad’;
amχan, lieu, pl. imouχan.
3° Enfin, un grand nombre de substantifs combinent ces deux formes fondamentales des pluriels berbères.
Ex. : souf, rivière, pl. isafen;
annar, meule de paille, inouran;
ir’ill, bras de montagne, ir’allen, etc.
Notons, pour terminer, un certain nombre de substantifs, qui, commençant au singulier par un i, changent cette voyelle en a au pluriel, contrairement à toutes les règles : ce qui prouve une fois de plus que les voyelles initiales des noms berbères ne remplissent pas le rôle grammatical qu‘on a parfois Voulu leur attribuer :
ichcher, ongle, pl. achcharen;
ich, corne, pl. achaoun ;
inzer, narine, pl. anzaren;
iker, mouton, pl. akraren, etc.
Le mot jij, piquet (pour zidj), reprend au pluriel la forme régulière, izadjen.
1. Ce mot vient peut-être de l’arabe على, le burnous étant un vêtement de dessus. En Zouaoua, abid’i.
2.De l’arabe حجر.
3. Substantif qu’on retrouve dans un grand nombre de noms de montagnes. De l’arabe قربوس, arçon de selle.
B. — Pluriels féminins.
Les pluriels féminins se forment de trois manières principales, comme en Kabyle et dans la plupart des dialectes berbères :
1° Dans les noms qui ont un pluriel masculin, en plaçant un th devant ce pluriel et en changeant la terminaison en, quand elle existe, en in.
Ex. : iboud’rimen, renards, f. thiboud’rimin;
ouchchanen, chacals, f. thouchchanin;
iler’man, chameaux, f. thiler’min;
ijouraf, corbeaux, f. hijouraf, etc.
iserd’an, mulets, fait au féminin thiserd’an.
2° En ajoutant au singulier, dont la voyelle finale tombe généralement, la terminaison ouin ou iouin.
Ex. : thala, mare, f. thaliouin;
hiketchi, ver de terre, f. hiketchaouin;
hit’, œil, source, f. hit’t’aouin;
haχena, co-épouse, f. haχeniouin;
thalefsa, vipère, f. thilefsiouin, etc.
3° En ajoutant au radical singulier la voyelle a et en vocalisant en i le th initial.
Ex. : halilith, laurier, pl. hilila;
zallith, prière, pl. hizilla. (1)
Le mot heriχt, selle, fait au pluriel hirichin.
Enfin, un certain nombre de substantifs forment leurs pluriels d’une façon complètement irrégulière, ou le tirent d’une autre racine que celle qui a servi à former le nom singulier :
illi, fille plur. issi, ou tiheboukin ou himetchoukin (2)
oultema, sœur — issema.
ou mem, fils — ah ou tharoua. (3)
hamet’t’outh, femme — ised’nan
thikhsi, brebis — oulli.
ouma, frère — aithma.
bab, maître — aithbab.
elâouda, jument — hir’allin.
1. Pour thazallith, arabe صلاة.
2. Pluriel du singulier hametchoukth.
3. En Zouaoua athou aith. Remarquer l’affaiblissement du th en h, qui a eu lieu ici à la fin du mot.
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