Rites et Croyances Préislamiques en Arabie Méridionale
11 09 2020
Les 3.700 inscriptions connues qui sont rédigées en dialectes arabes méridionaux permettent de refaire en partie sur une période d’une quinzaine de siècles — du VIIIᵉ siècle avant J.-C. au VIIᵉ siècle de notre ère — l’histoire des divers états de l’Arabie Heureuse. Leur évolution politique paraît s’être développée suivant le même processus : théocratie, sous l’autorité du moukarrib, prêtre-prince ou prince-sacrificateur, et royaume laïc dans lequel les tribus sont soumises a l’hégémonie de quelques grandes familles de soldats ‘et de propriétaires.
Le régime politique, économique et social des populations sédentaires de l’Arabie méridionale a exercé de profondes influences dans le domaine religieux. L’état, les tribus, les agglomérations, les exploitations agricoles, les particuliers avaient leurs dieux protecteurs. Les temples comptaient parmi les édifices les plus importants de la cité, et de nombreuses inscriptions commémorent leur construction et leur restauration. La divinité y était probablement représentée sous forme humaine ou animale. Le temple pouvait servir de lieu d’asile et possédait des terres et des troupeaux; les frais d’entretien étaient couverts par le produit de diverses redevances.
Le service du dieu et du temple était assuré par des prêtres. Une de leurs fonctions consistait sans doute à recueillir les oracles auxquels les inscriptions font de fréquentes allusions.
Le personnel du temple comptait également des hiérodules ; originaires d’Arabie, d’Égypte et de Syrie, elles étaient offertes à la divinité et consacrées à son service. Une classe, d’hommes et de femmes appelés lw’ , lw’t, est sans doute à rapprocher des lévites hébreux.
On offrait au dieu des esclaves et des animaux. Mention était faite de ces dédicaces sur des inscriptions gravées sur des stèles que l’on plaçait dans le temple. On y offrait aussi des statuettes d’or ou d’argent, représentant le dédicant ou les animaux recommandés à la faveur divine. Des offrandes expiatoires, consistant en payement d’amendes, étaient imposées aux transgresseurs des lois concernant la pureté et l’impureté.
Les aromates, que l’Arabie Heureuse produit en abondance, étaient brûlés ou répandus sur les autels domestiques comme dans les temples. La pratique des sacrifices sanglants était très répandue ; toutefois on a prétendu à tort que l’usage des sacrifices humains soit attesté par les inscriptions. Les allusions à des autels à holocaustes prouvent que l’on connaissait les sacrifices parle feu.
La coutume des pèlerinages était très répandue, et l’étymologie de plusieurs termes couramment usités permet de conclure à l’existence du rite du circuit autour des sanctuaires et des statues de divinités.
Il n’y a pas de trace de prière collective ou imposée à des heures déterminées. Mais on recourait volontiers à la prière privée dans le temple ou ailleurs ; on invoquait le dieu pour obtenir ses bienfaits, et on lui rendait grâces pour les faveurs qu’il avait dispensées.
Les Arabes du Yemen pratiquaient la magie et la sorcellerie ; ils portaient volontiers des amulettes, souhaitaient le bon œil, redoutaient les maléfices du mauvais œil, et usaient d’un système d’écriture cryptographique qui devait présenter un caractère magique.
Les tombeaux étaient pourvus d’objets de toutes sortes qui devaient être destinés à l’usage des morts. On connaît un grand nombre de statuettes et de stèles funéraires portant le nom du défunt.
Le profane et le sacré, le pur et l’impur étaient nettement distingués. Les infractions aux prescriptions concernant la pureté morale, rituelle ou légale faisaient l’objet d’une confession publique, accompagnée d’une profession de repentir et d’une expiation.
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