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Expédition d’Alger par l’empereur Charles-Quint, en 1541

21 10 2019

 

 

 

 

 

Alger, dans le quinzième siècle, servit de retraite aux Maures expulsés de l’Espagne. C’était depuis longtemps le refuge des hardis corsaires musulmans maîtres de la Méditerranée.

 

En 1510, les Espagnols s’en emparèrent et y bâtirent, sur un rocher isolé au milieu des flots, le môle et les fortifications qui en protègent le fort. En 1516 Alger recouvra son indépendance sous les deux frères corsaires fameux les Barberousse, qui en firent le chef-lieu de la principauté qu’ils se créèrent sur la côte septentrionale de l’Afrique.

 

Cette ville avait toujours depuis continué à acquérir de l’importance. Elle était sortie libre et souvent victorieuse de toutes les expéditions que le désir de défendre ou de venger la chrétienté fit entreprendre contre elle. Nous allons voir maintenant les différentes expéditions qui furent tentées contre la régence pour chercher à détruire ce repaire de corsaires musulmans.

 

 

 

 

 

 

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Octobre 1941 : siège d’Alger par l’Empereur Charles Quint

 

 

 

 

 

 

 

 

Les alarmes continuelles que les corsaires algériens jetèrent sur les cotes d’Espagne, les réclamations universelles de l’Europe, déterminèrent l’empereur Charles-Quint, en 1541, à tenter une expédition pour détruire cette aire de vautours.

 

Quoique l’empereur voulût hâter les préparatifs de cette expédition, l’armée ne fut en état de partir qu’au mois d’octobre; la saison était on ne peut plus mal choisie, les vents d’équinoxe désolant toujours à cette époque les parages de l’Algérie. L’amiral André Doria objecta à l’empereur que l’état de la saison était trop avancé pour la réussite de l’entreprise, mais rien ne put l’en détourner; l’empereur l’avait décidé, ainsi il fallait obéir.

 

La flotte était composée de soixante-cinq galères et quatre cent cinquante et un navires de transport montés par douze mille trois cent trente matelots; vingt-deux mille hommes de débarquement, dont six mille Allemands, cinq mille Italiens, six mille Espagnols ou Siciliens, trois mille volontaires, quinze cents cavaliers, deux cents gardes de la maison de l’empereur, cent cinquante officiers nobles et cent cinquante chevaliers de Malte : tel était ce formidable armement.

 

Fernand Cortez, le conquérant du Mexique, accompagné de ses deux fils, le duc d’Albe, les princes Colonna, Virginius Urbin d’Anguillra, qui avait accompagné l’empereur dans l’expédition de Tunis ; Ferdinand de Cordoue, Ferdinand Gonzague, vice-roi de Sicile: Bernardin de Mendoza, capitaine général des galères espagnoles, et l’amiral André Doria, qui commandait l’armée navale, brillaient parmi les principaux chefs.

 

Le 21 octobre, la flotte impériale, complètement ralliée, se trouvait dans la baie d’Alger ; l’agitation de la mer et la violence du vent ne lui permirent pas d’opérer immédiatement son débarquement; mais enfin, saisissant une occasion favorable, ce ne fut que le 23 que l’empereur fit débarquer ses troupes non loin d’Alger. Il choisit, à cet effet, la partie de la plage qui avoisine la rive gauche d’El-Harach, située au pied des hauteurs qui dominent la plaine de Mustapha. Après que les troupes eurent pris terre, Charles-Quint, qui avait toujours présente à l’esprit sa conquête de Tunis, envoya un parlementaire à Hassan-Agha pour le sommer de se rendre.

 

Dis à ton maître, répondit celui-ci, qu’Alger s’est déjà illustrée par les défaites successives de Francisco de Vero et de Hugues de Moncade, et qu’elle espère acquérir une gloire nouvelle par celle de l’empereur lui-même. »

 

Cette sommation étant restée sans effet, il fallut employer la force.

 

Hassan-Agha, qui n’avait pu supposer que toutes ces dispositions fussent prises contre lui dans un moment aussi inopportun pour la navigation en Afrique, fut pris au dépourvu; il n’avait à sa disposition que huit cents Turcs de l’odjack. Il se hâta de former un corps de cinq mille hommes, composé d’Algériens, mais surtout de Maures d’Andalousie, très-adroits dans le tir de l’escopette et dans le maniement d’arcs en fer, d’une grande énergie. Dans la plaine, il comptait sur les Arabes et les Kabyles. On le voit, ses moyens de défense étaient bien inférieurs à ceux que les chrétiens allaient employer contre lui; avec ces seules forces, il résolut de tenter de sauver Alger. Il s’attacha à encourager les esprits, leur répétant sans cesse la prédiction d’une devineresse qui annonçait que trois expéditions consécutives, dont une commandée par un grand prince, viendraient échouer contre les remparts d’Alger, “Or. disait-il, il ne faut pas douter, les deux premières ont été celles de Francisco de Véro et de Hugues de Moncade. la troisième est celle-ci. Le grand prince, c’est Charles-Quint. Ayons courage, il sera défait comme l’ont été avant lui ses généraux. Allah lui-même nous l’a révélé !»

 

Les Algériens, envoyant paraître à l’horizon l’escadre formidable de Charles-Quint, étaient remplis de confiance, bien persuadés qu’ils triompheraient et remporteraient la victoire sur les Espagnols ; car la même prédiction ajoutait qu’après trois défaites successives de l’armée ennemie Alger ne serait prise que par des soldats habillés en rouge (*).

 

Le 24 octobre, l’armée envahissante, divisée en trois corps, se porta sur Alger, La première division, ou l’avant-garde, se composait des Espagnols, sous les ordres de Ferdinand de Gonzague; les Allemands formaient le corps de bataille et étaient commandés par l’empereur en personne, ayant pour lieutenant le duc d’Albe; l’arrière-garde, où l’on avait réuni la division italienne, les chevaliers de Malte et les volontaires, obéissait à Camille Colonna. L’avant-garde suivait le bord de la mer, le corps de bataille occupait le centre.

 

Dés que l’armée impériale se mit en mouvement, les Arabes ne cessèrent de la harceler, si bien qu’après six heures de marche elle n’avait pas avancé d’un mille. Le soir, elle s’arrêtera à El-Hamma, où des escarmouches renouvelées pendant toute la nuit l’empêchèrent de prendre un seul instant de repos.

 

Le 25, après une marche continuellement entravée par des attaques partielles, elle parvint pointant à gagner les hauteurs qui dominent Alger, L’avant-garde se porta jusqu’auprès du ravin Bab-el-Oued, et Charles-Quint s’établit sur la même colline où, en l’année 1518, Hugues de Moncade avait établi son camp, et où fut construit dans la suite le fort l’Empereur (**) .

 

La position était admirablement choisie et très-avantageuse, car cette manœuvre avait isolé les Arabes de la ville, et des ravins profonds les tenaient trop au loin pour qu’ils pussent venir troubler les travaux de siège.

 

Charles-Quint ordonna qu’on débarquât sa grosse artillerie, et que la flotte vint s’embosser le plus près possible de la côte,.afin de pouvoir canonner simultanément la place par terre et par mer. Ni l’empereur ni ses généraux ne comptaient sur une longue résistance : les murs d’enceinte étaient très-faibles, l’artillerie peu nombreuse et mal servie.

 

Dès le jour même où les troupes prirent position, le second jour de leur débarquement, le ciel se couvrit subitement de nuages noirs, et, sur le soir, une pluie abondante, accompagnée d’un vent violent, vint fondre sur l’armée espagnole. Les soldats manquaient de tentes, le camp était inondé, et ils étaient obligés de se tenir debout, parce qu’ils avaient de l’eau à la ceinture, et dans la nuit, la rafale éclata avec une violence inouïe : chefs, officiers, soldats, tout le monde était épouvanté; on attendait le matin avec anxiété; quand le jour arriva, la pluie n’avait pas cessé; le brouillard était tel, qu’il était impossible de rien distinguer à une faible distance. Dans ce moment de cruelle inquiétude pour le sort de la flotte, tout à coup des cris tumultueux se font entendre vers le bas de la montagne, non loin des murs de la ville assiégée : c’étaient les Turcs et les Maures qui, trouvant le moment favorable, venaient attaquer jusque dans ses retranchements l’arrière-garde de l’armée impériale.

 

Ces troupes coururent aux armes; mais le vent et la pluie leur battaient au visage. Les munitions étaient mouillées, les armes à feu ne rendaient aucun service: tandis que les Maures, au contraire, se servaient d’ares en fer et de flèches acérées qui portaient avec elles la confusion et la mort. Pour faire cesser celte lutte inégale, les chevaliers de Malte et les Italiens s’organisent les premiers, et forcent à se replier sur Alger celte multitude effrénée qu’ils poursuivent avec vigueur jusqu’aux portes de la ville, s’engageant avec elle dans les rues étroites du faubourg Bab-Azoun; un moment, ils espèrent entrer sur ses pas dans Alger. Hassan-Agha voit le péril et fait fermer les portes sur une partie de ses soldats qu’il sacrifie. C’est alors qu’un chevalier de Malte français, au moment où l’ordre d’Hassan-Agha s’exécutait, Ponce de Balagner, qui tenait déployé au vent l’étendard de l’ordre, s’y élança pour s’y opposer; mais la lourde porte était ébranlée, il ne put l’empêcher de se fermer. Furieux, irrité, malgré les traits qui pleuvent de toutes parts contre lui, il saisit son poignard, se jette contre elle, et d’une main vigoureuse enfonce son arme dans le bois en signe de protestation et de défi. Cependant, à la vue du danger que court cette noble partie de son armée, l’empereur était accouru suivi de ses fidèles Allemands. Encouragés par ce puissant renfort, les chevaliers reprennent vigoureusement l’offensive et chargent les Turcs jusqu’au moment où ils se réfugient en ville et se défendent sur leurs remparts.

 

Cependant les Espagnols regagnaient leurs retranchements; toujours avides des postes les plus périlleux, les chevaliers de Malte formaient l’arrière-garde. Tout à coup, ils sont attaqués par Hassan-Agha qui venait d’opérer une sortie. Quoique accablés de fatigue, les chevaliers de Malte étaient trop fiers pour fuir devant ce nouveau danger : ils se formèrent en bataille dans les gorges étroites qui avoisinent le pont des Fours; mais leur courage ne servit qu’à illustrer ce lieu, qui, depuis, a retenu le nom de Tombeau des Chevaliers!

 

Ce fut au retour de ce déplorable engagement que, la brume venant à s’éclaircir, les yeux de Charles-Quint et de son armée découvrirent tous les désastres de la nuit : cent cinquante navires de diverses grandeurs étaient brisés sur la plage ou coulés à quelque distance, ne laissant apercevoir que l’extrémité de leurs mâts. Presque tout ce qu’ils contenaient avait été submergé, et les équipages avaient péri, soit dans les flots, soit sous le yatagan des Arabes.

 

La grosse artillerie, tout le matériel de siège, étaient perdus; car, avant que les ordres donnés pour les conduire à terre pussent s’exécuter, les bateaux de transport avaient été engloutis. Les soldats, qui n’avaient ni vivres ni tentes, contemplaient ce désastre avec effroi ; mais leur douleur s’accrut encore lorsqu’ils virent les bâtiments qui avaient échappé à la tempête mettre à la voile et gagner le large, ayant en tête le vaisseau amiral et s’éloignant à toutes voiles.

 

Mieux que personne, Charles-Quint sentait les difficultés de sa position et, pas plus que les autres, il ne comprenait la manœuvre d’André Doria, qui semblait les abandonner, lorsqu’il reçut un message de ce dernier, que nous allons rapporter textuellement, autant pour donner une juste idée de la position de l’armée que pour faire connaître le genre de rapports qui existaient entre l’empereur et le marin de Venise, “ Mon cher empereur et fils, lui disait-il, l’amour que je vous porte m’oblige à vous annoncer que si vous ne profitez, pour vous retirer, de l’instant de calme que le ciel vous accorde, l’armée navale et celle de terre, exposées à la faim, à la soif et à la fureur des ennemis, sont perdues sans ressources. Je vous donne cet avis parce que je le crois de la dernière importance. Vous êtes mon maître, continuez à me donner des ordres, et je perdrai avec joie, en vous obéissant, les restes d’une vie consacrée au service de vos ancêtres et de votre personne. » Le porteur de cette lettre prévenait en outre Charles-Quint que la flotte allait l’attendre au cap Matifoux, seul endroit où pût s’effectuer avec quelque sûreté un embarquement.

 

Cette lettre décida l’empereur à lever, quoique à regret, le siège commencé avec tant de confiance. La retraite était difficile, surtout pour regagner le cap Matifoux, et c’est peut-être une des plus belles pages de l’histoire de ce prince que celle qui raconte la sollicitude qu’il montra pour le dernier de ses soldats, les précautions de toutes sortes, l’habileté des mouvements, le courage et la présence d’esprit qu’il déploya dans cette circonstance. Enfin, lorsqu’il remît le pied sur le sol européen, la moitié seulement de son armée était avec lui; l’autre moitié était ensevelie entre Alger et le cap Matifoux.

 

Si la défaite du marquis de Moncade avait exalté les espérances et l’audace des Turcs, les résultats de celle-ci, qui est sans contredit un des plus grands faits de l’histoire de l’Algérie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(*) La dernière partie de cette étrange prédiction ne devait s’accomplir que trois siècles plus tard : les pantalons garance et les retroussis ronges des habits des soldats justifièrent, en 1830, aux yeux de cette population, le pronostic de la devineresse.

 

(**) L’arrière-garde formait l’aile droite, et occupait tout l’espace compris depuis le pied des montagnes jusqu’au bord de la mer, au cap Tafoura, là où existait le fort Kab-Azoun.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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