Les caravanes de sel
17 02 2019
Le nord du Mali a de tout temps fait l’objet d’un intérêt de la part des rois et des princes qui régnaient de part et d’autre du grand désert. La raison ? La présence d’un des plus grands gisements de sel gemme du Sahara (avec ceux de Fachi et Bilma au Niger et, dans une moindre mesure, celui de l’Amadror au nord du massif du Hoggar en Algérie).
Une Caravane de Sel en barres aux confins du désert
La dépression de Taoudenni, située à environ 700 km au nord de Tombouctou, est l’une des régions les plus arides du Sahara. Cette cuvette (sebkha) de 125 km² enregistre moins de cinq millimètres de précipitations annuelles.
Le sel résulte de dépôts provenant de l’assèchement d’un lac du Quaternaire et dont l’épaisseur avoisine parfois les dix mètres.
Les esclaves extrayaient le sel dans des mines à ciel ouvert. Les plaques étaient taillées en rectangle de 1.20 m de longueur et de 40 cm de largeur ; elles pesaient entre 25 et 45 kg, et un chameau pouvait prendre une charge de six barres. Les barres étaient toutes gravées au départ de Taoudenni et, à l’arrivée à Tombouctou, elles faisaient l’objet d’une toilette pour les rendre bien blanches.
On les gravait de motifs géométriques, ou du nom d’un saint ou d’un roi. Les barres étaient ensuite entourées de lanière de cuir pour les protéger en cas de choc. Ainsi conditionné, le sel était ensuite acheminé en pirogue vers tous les ports du Soudan, puis transporté par des ânes, des attelages de bœufs, ou des esclaves jusqu’aux confins du pays Mossi, de la Côte d’Ivoire ou du pays Bobo.
Le sel en barres de 30 kilos environ, arrive par caravanes de Taoudenni (Sahara)
A leur époque de gloire, les caravanes pouvaient compter jusqu’à mille chameaux, accompagnés de trois cents à cinq cents hommes. Jusqu’à la fin du 19e siècle, soixante mille chameaux par an arrivaient à Tombouctou.
TOMBOUCTOU – Le Marché – Vente du Sel
Aujourd’hui encore, les caravanes acheminent les plaques de sel de Tombouctou vers les rives du fleuve Niger. Ce sont les Bérabich qui assurent cette fonction depuis des temps immémoriaux. Il faut une quinzaine de jours, à raison de 35 à 40 km par jour à la caravane pour parcourir les 700 kilomètres qui séparent les salines de Taoudenni du village de Ber, à côté de Tombouctou. Le long du trajet, seuls deux puits permettent aux hommes et aux bêtes de faire le plein d’eau. En outre, les pâturages étant maigres le long de l’itinéraire, les nomades emportent la quantité de fourrage dans des endroits connus d’eux seuls, afin de pouvoir l’utiliser sur le chemin du retour, lorsque les bêtes sont à pleine charge. Les plaques de sel sont arrimées deux par deux à l’aide de cordelettes de cuir sur les flancs de l’animal. Les chameaux sont chargés le matin et débâtés chaque soir, au terme d’une journée comptant parfois jusqu’à quinze heures de marche ininterrompue.
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