Promenade au lit de Lalla Mansoura
11 11 2017Ancien Rituel des Rouagha*
Elle connut aussi, cette jeune épousée des temps passés, les joies de la « takouka** », dit la légende, durant de longues nuits de printemps, autour des grands feux, exposée à l’admiration des amoureux, car elle était belle, elle se maria avec l’un des plus riches propriétaires de la tribu des Béni Sissine ; mais l’infidèle, parjure aux serments d’amour, disparut subitement sans que l’attention de ceux qui la transportaient en fut éveillée, le jour où on la conduisit à la demeure de son époux impatient; elle était couchée dans son lit nuptial, ce ( gous قوس), fait de tiges sèches de palmiers, de djerids, qui lui donnent à première vue l’aspect d’une cage, voilée aux regards de la foule admiratrice par de longues melhafa, de couleurs éclatantes qui la recouvrait comme d’une coupole : l’époux consterné ne trouva plus que la couche vide, où la belle Mansoura n’était plus, — ô prodige!
Depuis ce temps la coutume veut que l’on promène dans les rues du Ksar, pendant l’époque des mariages, ce symbole de l’infidélité, en dansant. Le don surnaturel d’avoir pu se dérober aux regards de ceux qui la transportaient valut à Mansoura, le titre de «Lalla»; elle est considérée comme maraboute. Cette procession, au milieu de laquelle s’agite sur les épaules de quatre d’entre eux le lit nuptial, parcourt les rues du Ksar et les principaux quartiers pour se rendre, toujours au son delà «rèïtha» et du bruit des « tebboul », à l’une des portes de la ville, «Bab-Ammar», où l’époux de Lalla Mansoura, l’attendit, vainement, pendant longtemps. Quiconque oserait soulever le voile qui recouvre le lit de Lalla Mansoura, pour y jeter des regards curieux deviendrait immédiatement aveugle; on ne peut ni ne doit le faire. Telle est la croyance généralement admise par les sédentaires.
*: les Rouagha c’est les sédentaires d’Ouargla
**: fêtes des Mariages qui durent 8 jours chez les Rouagha
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